Marisol, artiste visionnaire oubliée au Musée des beaux-arts de Montréal
Marisol, A Forgotten Visionary Artist, at the Montreal Museum of Fine Arts

 
Marisol
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Marisol

John D. Schiff (1907-1976), Marisol avec Dîner en tête-à-tête, 1963.
Marisol Papers, Buffalo AKG Art Museum. © John D. Schiff,
courtesy of the Leo Baeck Institute, New York

Marisol… ce nom ne vous dit rien? C’est plutôt normal. Artiste énigmatique et inclassable, elle a connu un franc succès dans le New-York des années 1960 et 1970, avant de sombrer dans l’oubli. Cet automne, le Musée des beaux-arts de Montréal rend hommage à cette figure artistique majeure de sa génération en lui consacrant une exposition rétrospective, organisée par le Buffalo AKG Art Museum.

Marisol naît à Paris en 1923 de parents vénézuéliens et passe son enfance entre Caracas, New York et Los Angeles. Elle suit une formation à l'Académie Julian et aux Beaux-Arts de Paris puis s’installe de façon permanente à New York au début des années 1950, où elle commence sa pratique de la sculpture.

Imprégnées de l’art populaire, de l'expressionnisme abstrait mais aussi de l’art pré-colombien, ses sculptures de bois impressionnent par leur singularité. Souvent grandeur nature, elles sont créées en utilisant une technique mixte qui intègre le bois, le dessin, la peinture et des objets trouvés. On peut y déceler souvent un style à la fois moqueur et satirique.

Après une exposition à succès à la fin des années 1950, Marisol part s’exiler pendant plus d’un an en Italie, trouvant l’univers artistique new-yorkais suffocant. Elle revient aux États-Unis en 1960 avec un regard neuf, et une pratique artistique transformée, se rapprochant du pop art. L’artiste incorpore à ses sculptures de bois des moulages de certaines parties de son corps: visage, mains, fesses.

La critique ne tarit pas d’éloges à l’égard de cette artiste qui aborde le portrait sous un angle satirique et dont les autoportraits, à la fois fragmentés et démultipliés, révolutionnent le genre. À New-York, les files s’allongent devant les galeries pour visiter ses expositions de 1962, de 1964 et de 1967 : Marisol est devenue une célébrité.

Par la suite, au fil des décennies, Marisol ne cesse de se renouveler au travers de ses différents voyages et des enjeux sociaux qui la touchent: le racisme, la marginalisation de certaines personnes, l’écologie et la guerre, entre autres. Sculpture, dessin, gravure, photographie… Marisol s’affirme comme une artiste multidisciplinaire constamment en mouvance.

De la fin des années 1970 aux années 2000, elle réalise des monuments publics à l’effigie de grandes figures historiques, dont plusieurs sont destinés à des sites au Venezuela. Lorsque ses œuvres prennent un côté plus politique et sombre, s’éloignant de la légèreté du pop art, le monde de l’art lui accorde de moins en moins d’attention.

Au cours des dix années précédant son décès, Marisol souffre de pertes de mémoire de plus en plus invalidantes. Sa production s’amenuise considérablement mais elle continue notamment le dessin, avec des portraits touchants des personnes qui s’occupaient d’elle dans ses derniers jours.

À son décès en 2016, elle lègue l'entièreté de son œuvre au Buffalo AKG Art Museum. Soixante-dix ans de création sont entre les mains du musée américain, qui entreprend de mettre sur place la rétrospective la plus exhaustive jamais consacrée à Marisol. Le Musée des beaux-arts de Montréal se joint au projet et présente en grande première cette exposition rétrospective unique, témoin du génie de Marisol, à voir jusqu’au 21 janvier 2024.

Marisol… does that name ring a bell for you? It's quite normal if it doesn't. An enigmatic and unclassifiable artist, she enjoyed great success in the New York art scene of the 1960s and 1970s before sinking into oblivion. This autumn, the Montreal Museum of Fine Arts pays tribute to this major artistic figure of her generation with a retrospective exhibition on her work, organized by the Buffalo AKG Art Museum.

Marisol was born in Paris in 1923 to Venezuelan parents and spent her childhood between Caracas, New York, and Los Angeles. She received training at the Julian Academy and the Beaux-Arts in Paris before permanently settling in New York in the early 1950s, where she began her sculptural practice.

Influenced by popular art, abstract expressionism, as well as pre-Columbian art, her wooden sculptures stand out for their uniqueness. Often life-sized, they are created using a mixed technique that incorporates wood, drawing, painting, and found objects. Her work often exhibits a style that is both mocking and satirical.

After a successful exhibition in the late 1950s, Marisol went into self-imposed exile in Italy for over a year, finding the New York art scene suffocating. She returned to the United States in 1960 with a fresh perspective and a transformed artistic practice, drawing closer to pop art. The artist incorporated molds of certain parts of her body, such as her face, hands, and buttocks, into her wooden sculptures.

Critics showered praise on this artist who approached portraiture from a satirical angle, and her self-portraits, both fragmented and multiplied, revolutionized the genre. In New York, lines stretched outside galleries to visit her exhibitions in 1962, 1964, and 1967: Marisol had become a celebrity.

Over the decades, Marisol continued to reinvent herself through her travels and her engagement with social issues, including racism, the marginalization of certain groups, ecology, and war, among others. Sculpture, drawing, etching, photography... Marisol established herself as a constantly evolving multidisciplinary artist.

From the late 1970s to the 2000s, she created public monuments depicting historical figures, many of which were destined for sites in Venezuela. As her work took on a more political and somber tone, moving away from the lightness of pop art, the art world paid her less attention.

In the last ten years before her death, Marisol suffered from increasingly debilitating memory loss. Her production dwindled significantly, but she continued to draw, creating touching portraits of those who cared for her in her final days.

Upon her death in 2016, she bequeathed her entire body of work to the Buffalo AKG Art Museum. Seventy years of creation are now in the hands of the American museum, which has embarked on creating the most comprehensive retrospective ever dedicated to Marisol. The Montreal Museum of Fine Arts joins this project and presents this unique retrospective exhibition for the first time, a testament to Marisol's genius, on display until January 21, 2024.
 
Clara Houeix
Montréal, octobre 2023
Marisol, artiste visionnaire oubliée
Marisol, A Forgotten Visionary Artist
Jusqu'au 21 janvier 2024
Until January 21, 2024
Musée des beaux-arts de Montréal
the Montreal Museum of Fine Arts
1380, rue Sherbrooke Ouest
Montréal (Québec)
www.mbam.qc.ca

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