Maria Lassnig, exporevue, magazine, art vivant et actualité

Avec près de 40 œuvres, le Kunstmuseum Bonn présente une sélection impressionnante d'œuvres de l'artiste autrichienne Maria Lassnig (1919-2014), dont le fil conducteur est la confrontation de l'artiste avec elle-même, sa perception du corps ainsi que la présence de l'autre. Le déchirement créatif de sa pensée se reflète dans les différentes salles d'exposition thématiques - par exemple dans Langage vs. Absence de langage ou Photographie vs. Peinture.

L'exposition est intitulée "Wach bleiben", c'est-à-dire rester vigilant, garder sa lucidité. Son corps tout entier devient la base de sa création artistique, qui acquiert une pertinence plus qu'actuelle pour les spectateurs, surtout en ces temps de pandémie et d'expérience de l'isolement et de l'introspection.

Le corps nu est montré parfois érotique, d'autre fois pensif ou animalesque. De toute façon, il est fruste et présenté dans toute son authenticité, portant les traces de l'âge. Un élément d'agression et auto-agression devient parfois observable, hors du commun pour les personnes âgées. Le tableau le plus choquant a été crée à 86 ans et montre une femme âgée nue dans toute sa splendeur, tenant deux pistolets, l'un pointé vers le spectateur, l'autre vers elle… une image forte et unique !

Une autre préoccupation de l'artiste est le dédoublage ou la pluralité du soi, dans le sillage de Pirandello (Uno, nessuno, centomila). Les images rappellent aussi un film de Pasolini, dans son obsession pour le corps. Les touches sont nerveuses et épaisses, les couleurs explosives, criardes. On peut l'aimer ou détester, mais on ne peut pas y rester indifférents.