Luc Tuymans, rétrospective à BozarDes toiles claires très obscures
Luc Tuymans, Our New Quarters, 1986, oil on canvas, Museum für Moderne Kunst, Frankfurt
Luc Tuymans, Schwarzheide, 1986, oil on canvas, Private collection
Luc Tuymans, Gaskamer (chambre à gaz), oil on canvas
Luc Tuymans, Reconstruction, 2000, oil on canvas, Friedrich Christian Flick Collection
Luc Tuymans, Wandeling (The Walk), 1989, oil on canvas, collection of Karel and Martine Hooft
Luc Tuymans, Mwana Kitoko, 2000, oil on canvas
Luc Tuymans, Luc Tuymans, The Nose, 2002; oil on canvas
Luc Tuymans, interview, photo © Charles Palouzie |
D'acier, le regard. Sans détours, les propos. Et sans écarts, la facture de l'œuvre. Tuymans sait d'où il vient, et où il va. La retranscription picturale de son univers mental n'est cependant pas limpide pour tous. Partant d'archives de magazines, de films ou même de télévision, le peintre les réinterprète selon son propre ressenti, dans une technique très classique et des formats fort divers. Quelques éclaircissements.
La violence des civilisations, la souffrance des individus le hantent, c'est certain. Mais dans une de ses vies antérieures, puisqu'il n'a pas pu connaître l'holocauste nazi ni la décolonisation du Congo belge. Le rituel de la peine de mort, l'évocation des maladies rares ou des assassinats perpétrés de sang froid constituent d'autres trames sérielles de ce qu'il veut nous donner à voir. Sous quelle forme ? Étrangement, avec une touche légère et floutée, dans des camaïeux gris perle et beiges, quelquefois des coloris pastel. Rarement des chromatismes affirmés ou des noirs profonds. Pour dire l'indicible et révéler l'ineffable, Tuymans se retranche derrière un paravent de monstrations hermétiques et de légendes elles-mêmes peu explicites. Pour faire œuvre de mémoire, il médite longuement et peint rapidement après, puisqu'il s'agit bien chaque fois de traduire l'image d'une image, abruptement expurgée d'un ténébreux et troublé cognitif personnel. Les évangiles et les psaumes du prophète sont révérés et applaudis aux quatre coins de la planète. Mais ses retables respectent le profond silence de leur genèse. János W. Kovács
Bruxelles, mars 2011
Luc Tuymans, "Retrospective", jusqu'au 5 mai 2011
Bozar, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, tél : +32 2 507 82 00 www.bozar.be |