Jasper Johns

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La Royal Academy of Arts de Londres organise la première rétrospective depuis quarante ans en Grande Bretagne de l'artiste américain Jasper Johns, membre honoraire de celle-ci depuis 1989.

"Something Resembling Truth" (le titre de l'exposition, est tiré d'un texte de Jasper Johns "One hopes for something resembling truth, some sense of life, even of grace, to flicker, at least, in the work"), présente plus de 150 œuvres, y compris des sculptures, gravures, dessins, impressions, venant de collections publics et privées du monde entier. Plus de 60 ans de recherche, d'expérimentation et aussi de continuité picturale et sculpturales d'un des plus grand artiste américain sont concentrées dans cette exposition ; des premières peintures des années 50 à la dernière toile datée de 2016. C'est à un panorama complet de l'œuvre de Johns auquel nous convie l'Institution londonienne

Jasper Johns est né à Augusta en Géorgie en 1930. Il commence sa carrière de peintre à New-York en 1953, où il rencontre Robert Rauschenberg, Johns Cage et Merce Cunningham avec lesquels il se liera d'amitié et collaboreront a divers projets. En 1958, il rencontrera le galeriste Leo Castelli qui organisera sa première exposition personnelle et qui défendra son travail pendant de nombreuses décennies.

Johns arrive à une période où règne à New-York l'Expressionnisme Abstrait, avec Robert Rauschenberg, il en prendra le contrepied en proposant dès le début des suggestions esthétiques qui donneront de nouvelles directions dans le monde de l'art. Ces choix de sujets iconiques comme les bannières étoilées, les cibles, les séries de chiffres, puis les cartes des Etats Unis et l'apport d'objets quotidiens récupérés dans l'atelier (fourchettes, balais…) et intégrés dans les compositions, feront basculer l'art américain vers le Pop Art.

L'art de Jasper Johns, c'est aussi le traitement de la matière picturale et l'utilisation de l'encaustique (La peinture à l'encaustique ou peinture à la cire, utilisée depuis l'Antiquité, est une technique de peinture qui utilise des couleurs délayées dans de la cire fondue, c'est-à-dire utilisant la cire d'abeille comme liant. Cette pâte est employée à chaud. On utilise cette technique principalement en peinture sur bois.), qui exige une application rapide par touche et produit une matière pigmentée translucide qui crée une profondeur dans la surface peinte, laissant transparaitre le support et aussi les inserts de collage de morceaux de journaux que l'artiste intégré dans la cire.
Cette technique, qui contrairement à l'huile, sèche instantanément, accentue l'instant et le corps à corps de l'artiste dans son rapport au travail. Le corps est omniprésent dans toute l'œuvre de Johns, par moulage, empreinte ou trace, tout comme les mots, textes et références littéraires (Beckett, Hart Crane, Céline)

Au début des années 80, Jasper John changea l'orientation de sa peinture, la série allégorique des "quatre saisons", présentes dans l'exposition, est sans doute le pivot de ces nouvelles orientations. L'aménagement d'un atelier à Saint Martin en 1985 est l'occasion pour lui d'aborder avec la première de ces toiles "Summer", de nouvelles orientations plus autobiographiques et subjectives.
Les ambiguités de la perception, des nouveaux thèmes tels que la sexualité, la mort, la mémoire et les autoréférences mais aussi des inspirations artistiques liées à d'autres artistes comme Duchamp, Picasso, Munch ou Matthias Grünewald et son retable d'Issenheim, nourriront ces œuvres.
Dans les années 2000, l'iconographie se fera plus épurée et conceptuelle, la matière picturale plus diluée (5 Postcards, 2013).

Jasper Johns est considéré comme l'un des plus important artiste du XXe siècle et la plupart de ses œuvres sont des références historiques ; il est très émouvant de constater en fin d'exposition, la vitalité d'esprit de recherche et de propositions picturales de ce jeune artiste de 87 ans.