Hervé Guibert (1955-1991)
Photographe
 
Hervé Guibert
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Hervé Guibert

Hervé Guibert

"Je crois que ce sont d'autres choses que les objectifs qui font de "bonnes photos", des choses immatérielles, de l'ordre de l'amour, de l'âme, des forces qui passent là et qui s'inscrivent, funestes, comme le texte qui se fait malgrè soi dicté par une voix supérieure."H.Guibert.

Peu de meubles, lignes épurées, des portraits, un amant, une main, la lumière puis l'ombre, une ligne de vie exposée dans une problématique de pudeur. Le visible que propose Hervé Guibert à travers ses photographies naît d'un recueil de scénettes de vie, de voyages, de rapport sensible à l'autre et à ses gestes qui finalement laissent apparaître le photographe à travers une ombre, un regard ou juste le témoignage d'un instant. Et, c'est par ce témoignage de vie que cette exposition bouleverse, laissant apparaître une chronologie de vie sensible, un rapport d'un homme aux choses qui l'entourent, mais qui parle de nous, nous interroge, un témoignage d'un goût de la vie encore plus grand face à la mort en attente. On peut sentir un homme toujours en soif de contact et d'amour aux autres, comme le témoigne la série de photographies "Suzanne et Louise", ses deux grand-tantes, personnages emblématiques et sujets favoris de son oeuvre, qu'il "partage" dans leurs gestes quotidiens, toujours dans l'instant ; ainsi ces personnages deviennent familiers, parlent d'universel.
La force de son travail est cette capacité de mettre en relief l'universel qui ressort par le détail et un certain regard sur l'intime.

L'exposition d'Hervé Guibert s'est déroulée à la Maison Européenne de la Photographie à Paris, au 5/7 rue de Fourcy dans le 4ème, c'est la première rétrospective en France de 230 tirages, choisis par Hervé Guibert lui-même, pour représenter l'oeuvre de sa vie, certains tirages appartenant à la collection privée de la M.E.P. Les commissaires d'exposition sont Agathe Gaillard, galeriste d'H.Guibert durant toute sa vie et qui a découvert son talent et Christine Guibert, mariée avec lui la dernière année. L'espace d'exposition de la M.E.P permet davantage un habillement des murs qu'une scénagraphie pure puisque c'est à l'origine un hôtel particulier. Ici, ce n'est pas l'artiste qui a choisi la mise en scène de ses oeuvres, mais deux personnes, qui connaissent intimement son évolution professionnelle et personnelle.
Le parcours du visiteur dans l'espace est fait de manière chronologique, on suit l'évolution au fil des années de son travail : de l'Autoportrait en 1976 à La mort propagande en 1981. L'exposition est divisée en deux pièces, dû au partage même de l'espace initial : la première pièce renferme la première partie de la carrière du photographe, soit de 1976 à 1980 et donc le début de sa vie d'artiste, la deuxième pièce, comprend les photographies de 1981 à 1990. La dernière année, H.Guibert a réalisé La pudeur ou l'impudeur, projet proposé par Pascale Breugnot, témoignant de la plongée vers la mort par la maladie du sida ; à noter que le film se situe dans la première salle et que même si on peut supposer que ce serait le seul espace possible, il éclaire toute la progression de la visite de son approche particulière de la mort.

Par ce parcours chronologique, on peut visualiser l'évolution du photographe, à travers différents sujets et occupations, par exemple : "Les jambes de Suzanne", "La spectola", "Le musée Grévin" … qui permettent par leur différence d'orientation dans le sujet traité de comprendre la multiplicité du travail d'H.Guibert. Son parcours biographique devient donc notre parcours dans l'orientation de l'espace et dans la découverte des oeuvres : laisser place à l'intime, au face à face entre la photographie et le visiteur, sachant qu'une photographie nous renvoie malgrè tout, toujours un peu de nous-mêmes par le reflet du cadre, nous voyant nous-mêmes par réflexion dans la photographie de l'artiste, c'est donc se rencontrer un peu.
 
Aurélia Leblanc
Bruxelles, octobre 2011

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