Vladimir Cruells
au "Générateur"
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"Extramuros", hors les murs : la résistance
 
"Le générateur", se veut un lieu pour une création rebelle, polymorphe, un lieu d'expérimentation dans l'esprit des réalités artistiques de Berlin, un espace underground ouvert à tous, à Gentilly, en périphérie de Paris. Sa programmation transversale devrait permettre d'accueillir les disciplines les plus diverses. Installations, performances, chorégraphies, rencontres poétiques et engagées pour un maelstrom fertile et foisonnant.

Construit sur les traces d'un ancien cinéma le Gaîté Palace, ce lieu se définit avant tout par ce qu'il n'est pas. Refus de classicisme et d'un système dont il a décodé les enjeux, "ni galerie, ni lieu institutionnel". "Espace critique, moyen d'action". Engagé. Libre.
A l'heure où s'ouvre à grand bruit le "104", autre espace dédié lui aussi à la création contemporaine, au cœur du XIXème arrondissement, par contre intra muros et institutionnel, résidence d'artiste ouverte au grand public, on peut se réjouir de voir émerger ces espaces prometteurs de liberté. A une époque aussi perturbée et déboussolée que celle que nous traversons, seuls les artistes peuvent par leurs allégories, rêver, questionner et proposer un autre regard sur le constat amer d'un monde désossé jusque dans ses retranchements et ses certitudes matérielles. Leur accorder un lieu de pensée, de proposition et de rebellion est vital. Salutaire. Vital.

Au cœur de ce dispositif, après avoir reçu Marina Abramovic, ils accueillent une exception hors système, un artiste totalement engagé, Vladimir Cruells. Grand pari que de partager l'aventure avec un artiste aussi intègre.

Celui-ci présente son "sale boulot". Artiste insoumis, rebelle historique, par immersion, par choix. De ses chantiers en Palestine, ou dans les Favellas de Rio et Sao Paulo, à ses présentation à la Villette, Vladimir a toujours lutté, contre les injustices, contre les abus et les oublis de l'histoire. Chilien et français, il est citoyen du monde. Concerné. La résistance, chez lui, c'est une affaire de famille.
Son projet "Caravanes des résistances artistiques en zone conflit", en 2003 témoignait de sa volonté de rassembler les artistes de ces mondes aux confins. C'est un rebelle au cœur tendre, un homme de tribu, les mains dans la glaise, dans les encres, pétrissant et récupérant les matériaux, les objets, les "choses". Au cœur de l'homme, ses portraits que j'ai découverts il y a dix ans avaient une puissance expressionniste exceptionnelle. Une lecture intime de tous les moteurs humains, des rêves, des possibles qui émergent d'une vie de lutte. Je me souviens de son Mandela qui traversait l'espace, fulgurant, au delà du vivant, présent, accusant, poignant comme un espoir.
Vladimir est au cœur de la vie, avec sa "horde", sensible, accumulateur, régnant sur les intervalles, les lieux entre deux, les interstices de mondes qui s'ignorent. Passerelle, underground comme le lieu qui l'accueille. Régnant sur son foyer vivant de créations utiles autant que fertiles.

En vrai curieux, explorateur de contradictions, il gomme les frontières et s'inspire du large, de "maîtres" hétéroclites :
- Jean Rouch, avec ses "maîtres fous", filmés en 1956, au Niger, témoignage d'un cercle de résistance. Une transe dans laquelle les initiés "singent" les pratiques de l'armée anglaise, comme pour les exorciser. Appropriation de l'ennemi, métabolisé, absorbé et enfin destitué. Rite de survie, salutaire et démoniaque. Honte pour les systèmes coloniaux. La vidéo heureusement encore visible sur youtube est édifiante.
- Deleuze autant que Van Uexküll, le biologiste et philosophe allemand, pionnier de l'éthologie avant Konrad Lorenz, et sa tique, l'emportent dans une ballade mythologique, celle du monde des licornes, des collectifs. Il y explore le lien de mixité entres les genres humain et animal.
- Marcel Broodthaers, surréaliste belge (presque un pléonasme…), révolutionnaire, accumulant les objets dans un voyage absurde et plein d'humour.
- UR, (prononcer "You are"), ou Underground Resistance, groupe de musique électronique de Detroit, développant une pensée agressive mais stratégiquement élaborée au service d'une révolte libertaire, communautaire, indépendante, inflexible…

A chacun sa famille, celle de Vladimir est révolutionnaire, diaspora expérimentale, sans frontière et libre. De celles qui font tomber tous les murs, toutes séparations, frontières humaines et matérielles.
De maîtres en révoltes, c'est pour la liberté de l'être, que Vladimir Cruells depuis quinze ans se bat, avec une énergie inextinguible, nourrie d'un profond amour de l'humain et de la tendresse des vrais sages, ces sages paradoxaux, qui puisent leur sagesse aux confins de la folie des hommes.
 
Edith Herlemont-Lassiat
Paris, octobre 2008
 
 
Le Générateur, 16, rue Charles Frérot, 94250 Gentilly
"le sale boulot", Vladimir Cruells du 2-10 au 26-10-2008
www.legenerateur.com - www.lesaleboulot.com

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