Fromanger, exporevue, magazine, art vivant et actualité

Dans le cadre des échanges France – Portugal, une grande exposition de l'artiste français Gérard Fromanger (1939-2021) se tient, au musée Berardo de Lisbonne, initiée par Eric Corne, son commissaire, et qui fut notamment l'ami de l'artiste. D'autres artistes français sont aussi exposés à Lisbonne dans une autre section sur laquelle nous reviendrons.

L'exposition est intitulée "Splendeur", elle montre différentes séries de cette œuvre, comprenant 68 tableaux, des dessins et sérigraphies, et son Film-tract de 1968 réalisé par Jean-Luc Godard, que l'on voit ou revoit en fin de parcours. Eric Corne a conçu cette exposition en peintre qu'il est tout d'abord, et en analysant et en relisant l'œuvre de Fromanger à travers le "temps social" et esthétique, qu'il a traversé avec son esprit critique et en observateur des crises historiques.

Comme le signale le commissaire, les séries évoquent les remises en question de l'artiste, son rapport aux images, aux couleurs (la présence forte du rouge par exemple), un ensemble qui s'attache notamment à sa biographie. Les séries "Splendeurs" I, II et III, forment un hommage à Fernando Pessoa, une référence personnelle de Fromanger, et au poème "O Esplendor". Jacques Prévert avait écrit : "Rouge, c'est un nom, mais comme Rose ou Blanche, cela pour- rait être aussi un prénom et Gérard Fromanger pourrait tout aussi bien s'appeler Rouge Fromanger. […] Tant d'autres ont le cœur noir, calculateur, le cœur ordinateur, lui, il est rouge de cœur et le sang qui court dans ses veines le fait vivre, bel et bien rouge et vif, tendre et violent, au jour le jour comme le temps." Cité par Marianne Mathieu in Gérard Fromanger (Neuchâtel, Ides et Calendes, 2004, pp. 29–30.).

Il faut révéler aussi le caractère photographique de cette œuvre qui dans son geste apparaît comme une forme de "capture" d'événements, d'instantanés de la réalité, de notes en vrac pour les créations futures. Une œuvre qui s'inscrit d'une certaine manière dans les sillons du Pop art mais avec des différences liées à la philosophie de l'artiste, qui privilégie les sujets contemporains par goût, le trash social, comme le souligne Eric Corne. L'ensemble, qui est montré dans cette exposition, comme le dit le commissaire dans l'interview audio – ci-jointe – explore l'histoire de la peinture, par les divers signes qui surgissent dans les tableaux de Fromanger. Comme le dit le poème de Pessoa cité en exergue de cette exposition :
"Tout ce qui suggère, ou exprime ce qu'il n'exprime pas / tout ce qui dit ce qu'il ne dit pas,/ et l'âme rêve, différente et distraite / Ô énigme visible du temps, que ce rien vivant où nous sommes provisoirement !" (trad. du portugais par Armand Guibert).