Fragments,, F.Deval

Fragments, Benoit Felici & Paolo delle Monache

Fragments, F.Deval

La base sous-marine de Bordeaux est l'une des cinq bases pour sous-marins construite par les Allemands sur la façade atlantique française au cours de la Seconde Guerre mondiale. Construite entre 1941 et 1943, elle accueillit des sous-marins italiens et allemands. Elle abrite aujourd'hui un espace culturel. C’est dans ce lieu fractionné, scindé en plusieurs espaces et totalement réhabilité qu’il est possible de visiter les créations des deux artistes, Paolo Delle Monache, sculpteur et Benoit Felici, réalisateur. Ils ont travaillé artistiquement sur le thème du fragment. Le premier sur l’idée du corps sectionné, le second sur l'architecture de l'inachevé. Ils explorent ensemble diverses thématiques, l’abandon, le morcellement, l’infini. Le lieu d’exposition est en parfaite adéquation avec le sujet et lui donne une dimension abyssale, un mise mise abîme surprenante.

L’homme démembré, perdu au sein d’un monde d’édifices qui s’empilent à l’infini semble s’interroger sur son devenir et sur celui de la planète. En ruine, à même le sol, sa tête, ses bras, racontent la souffrance de ne plus être entier dans un monde en urgence où toutes les capacités sont mobilisées en permanence. Et puis il y a ces bâtiments interrompus, qui sont autant de vies avortées. D'une douleur sourde, similaire au morcellement corporel émane des constructions ou plutôt des déconstructions. C'est également par un jeu d'ombre, que l'on peut appréhender toute l'ampleur du détail des sculptures présentées. Le carton peint, rapiécé, éclairé par endroit, laisse s'échapper d'autres immeubles, d'autres créations sur les murs. Entouré de structures qui s'envolent à l'infini, le spectateur à le plaisir d'admirer une architecture en dentelle.  

Peu à peu la nature reprend ses droits sur le ciment, un pont inachevé se métamorphosera en jardin, puis en potager. L’architecture oubliée laissera au fil des années, de nouveaux terrains de vie, d’expérimentation pour l’être humain. Un nouveau jeu de cube à étalonnage. L’homme réutilise ces fragments de décombres, les complète, et s’érigent alors de nouvelles habitations, de nouveaux espaces individuels et collectifs. D’autres bâtisseurs après les constructeurs, font une Italie et plus largement une planète en constante évolution.