Jean-Pierre Formica
Monographie
Jean-Pierre Formica
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Interview audio :  



Quelle bonne nouvelle pour cet artiste qui possède de nombreux registres dans sa pratique artistique que cette publication de ce livre monographique qui recense plus de 50 ans de travail ! Artiste complet, peintre, dessinateur, sculpteur, Jean-Pierre Formica (né à Uchaud en 1946), a exploré toutes les techniques et continue à élargir son champ d'investigation plastique. Peintre, dessinateur, sculpteur, il a notamment pratiqué le dessin numérique sur l'iPad, dessins finalisés qu'il a ensuite transféré sur plexiglass (nous connaissons aussi ses carnets innombrables !). Ils furent montrés à Bologne – à la Galleria Studio d'Arte 11 – en 2016 et 2018 – (1), durant l'Arte Fiera. Formica révèle incessamment sa remarquable dextérité lorsqu'il emploi la plume, le fusain, la céramique, les couleurs, ou bien quand il modèle l'argile comme ces cornes d'où émergent des têtes de taureaux reproduites dans le livre. Sans oublier les sculptures de sel qui forment un autre grand volet de sa pratique. Lors de ces dernières années, il a réalisé de nombreuses sculptures avec le sel dans les marais salants de la Camargue (et divers sites non loin d'Aigues-Mortes). Sa technique de composition, qu'il a mise au point, permet d'agglutiner le sel autour de ses structures et ses formes. Tactile, il peut s'adapter à toute nouvelle technique. Il lie l'imaginaire et l'observation du monde dans un même élan. Jean-Pierre Formica procède sans concept à priori. "L'unité se compose dans la gestuelle de la construction, c'est elle qui relie l'idée à l'idée." Disait-il.

Ce livre montre les différents aspects de son art au fil des ans. Formica insiste sur l'aspect révélateur des matériaux et de ces techniques utilisées, il s'agit de sédimentation entre ces nouveaux procédés et l'observation du monde par l'artiste, révélant de facto une autre vision des choses. Une de ces séries s'articule autour de ce qu'il nomme une "Armée de sel". Sont reproduites aussi ses Vanités en sel, sculptures étonnantes, têtes de taureaux de sel, objets divers, des cordes, des crânes ; de grandes statues de sel comme ces personnages de Jumeaux ; les céramiques, les bouteilles de sel en hommage à Morandi, ou bien les peintures qui reconstruisent l'image après des subtils arrachements de la matière, ici le papier ; figure de Pape, référence à Vélasquez et Bacon, entre autres. Jean-Pierre Formica reprend à sa manière les grands "motifs" de l'histoire de l'art. Notons que Formica a développé un fort goût pour l'archéologie comme le souligne Olivier Kaeppelin dans son très beau texte, L'émergence du visible, en ouverture du livre. Pointant les références de l'artiste : Giotto, Greco et Cézanne. Ce volume est composé de 7 parties aux thématiques diverses, les mythes, l'histoire dans l'Histoire, Nouvelle Nature, Révéler/dévoiler, le dedans et le dehors, puis un interview avec l'artiste qui clôt le livre. Il est dommage que certaines œuvres ne figurent pas dans ce livre notamment les Trois Grâces mannequins constitués d'herbe qui a poussé durant 5 mois dans le Domaine de St-Germain-en Laye, une création (2). Il fallait choisir et se contraindre – dans le cadre éditorial imposé.

Dans un entretien, il y a quelques années, l'artiste me disait ce mot : "Cette possession de la forme est dictée par une continuité physique. Ce n'est pas l'élément réaliste qui s'impose mais la mémoire. Lors de ce processus, le geste physique s'impose comme une interrogation et un dialogue entre la nature des choses et une certaine abstraction – tel un jeu." Le propos de Jean-Pierre Formica tend assidument à réactiver une mémoire emplie de sédiments, de la faire surgir à la surface du Temps que nous vivons. Son vocabulaire est constitutif d'une idée qui sous-tend toute son esthétique. Finalement, quels que soient les nouveaux procédés utilisés par l'artiste, ses créations ne forment qu'une seule et même œuvre unique et profonde dans son rythme physique et sa temporalité. Une substance que l'on saisit à travers ce livre – presque une somme.
 
Patrick Amine
Paris, novmbr 2020
 
 
Jean-Pierre Formica, Monographie
Ed. Actes Sud. Texte d’Olivier Kaeppelin.
288 p. 280 illustrations. Oct. 2020. Couverture originale de l'artiste.

Expositions en 2021 :
Arles, Chapelle du Méjean (Actes-Sud), L’émergence du visible, avril-juin 2021.
Paris, Galerie Pierre-Alain Challier, avril à juin. Montpellier, La Serre Espace L’Arbre Blanc, avril à juin. Ville de
Sète : Le Réservoir, mai-juin.

Notes :
(1) Bologne (Italie), Expositions en 2016, au Studio d’Arte Interno 11. Sculptures et peintures & 2018.
(2) Les Nouvelles Folies Françaises (2013) Exposition conçue par Patrick Amine, commissaire pour le Domaine de Saint-Germain-en-Laye, avec 26 artistes. Célébration de l’Année André Le Nôtre pour son 400ième anniversaire. Du 26 juin au 14 octobre 2013.

Biographie :
Jean-Pierre Formica vit et travaille entre Paris et Arles, il a conservé son premier atelier à Aigues Mortes. Il est diplôme de l'école de Beaux-Arts de Paris et de Montpellier. Il a enseigné à l'école Nationale d’architecture Val de Seine. Depuis les années 70, Jean Pierre Formica puise son inspiration dans la culture méditerranéenne, travaille sur la Tauromachie et la mythologie et par la même sur la mémoire, la trace, l'empreinte, l'accumulation, la sédimentation. Un propos qui trouvera son expression dans la peinture, le dessin, les lavis mais aussi par gravure, la sculpture et la céramique. Son chemin, croisera celui Christian Lacroix avec lequel il collaborera sur plusieurs projets pour la haute couture. Peintre avant tout, il nous offre une peinture faite d'une généalogie d'image mais surtout la substance dont elle est faite. L'apparition d'une "autre figuration" prend place, celle d'un monde de forme imaginaire : peinture, aquarelle, fusain font naître l'expression d'une nouvelle nature. Il exposera alors à Chapelle des jésuites à Nîmes, au Musée des Oudayat, à Fortant de France, au Musée de Toulon, au Musée de Montbéliard. A partir de 2000, la sculpture est de plus en plus présente dans son travail : terres cuites ou bronzes faites d'empreinte, sorte d'archéologie moderne qui par la suite vont ressurgir de l'eau en devenant des sculptures de sel : formes noueuses, amphores hybrides ou bien des mannequins telle une armée enfouie exprimant cette "nouvelle nature". En 2010, il a investi les caves de Pommery pour Expérience N°7 pour lequel un hors-série de Beaux-Arts Magazine lui a été consacré, et a inauguré l'Espace Pommery à Liège (Belgique). Exposition d’un grand ensemble d’œuvres au Musée des Beaux-Arts de Nîmes en 2012. Dessins, lavis, croquis, carnets de corrida sont toujours développés. Il a déjà publié deux ouvrages aux éditions Actes Sud et des Carnets de corrida. Il a exposé dernièrement à Mexico - printemps 2016 et en 2019 (Mexique).

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