Enghien 2022, exporevue, magazine, art vivant et actualité

Pour sa quatrième édition la biennale a investi un nouvelle fois le parc du château d'Enghien qui s'est transformé en un lieu enchanté. Elle est l'occasion de confronter des artistes contemporains avec le patrimoine de la ville et de présenter des raretés historiques.

Cette année, pour la première fois, nous pouvons découvrir la maquette du château conservée dans la tour, celle-ci dialogue avec les maquettes d'intérieur de Philippe De Gobert. Autre vestige patrimonial de la ville, la tapisserie réalisée à Enghien au XVIe siècle et sortie exceptionnellement du Musée Jonathas, qui évoque le jeu d'enfants du Colin-Maillard. Celle-ci se confronte à la tapisserie et aux sculptures ludiques de Stephan Goldrajh.

Par enchantement est le titre de cette biennale qui ne dure malheureusement que deux semaines. Quinze artistes ont été choisis par les commissaires Myriam Louyest et Christophe Veys pour décliner chacun un aspect de cette thématique anachronique et universel. Une promenade qui incite aux rêveries, aux mystères, aux souvenirs d'enfance et à la joie de découvrir.

Dans les écuries, Luca Vanello recompose l'espace avec des végétaux séchés et de sculptures transparentes et Marc Buchy aimerait nous faire monter sur des échasses. Au sous-sol Hans Op de Beeck fait et défait des paysages dans une vidéo envoûtante et dans la tour une autre vidéo de Denicolai & Provoost transforme la réalité du parc en dessin animé.

Justine Bougerol a investi le souterrain de la propriété, qu'elle obstrue au bout d'un centaine de mètres d'un rocher énigmatique. Dans un autre lieu sombre, Juliette Bibasse & Joanie Lemercier, toutes deux férues d'art numérique donnent vie par la lumière et une programmation efficace, à un paysage de plantes.

Patrick Neu a investi les pavillons chinois avec un éblouissant moulage de cheval de manège en cristal et une petite vitrine avec un travail subtil et remarquable de dessin dans de la suie. Maen Florin, présente des sculptures énigmatiques aux âges et anatomies indéfinis mi enfant, mi lutin. Ils sont pausés comme en attente dans l'ancienne chapelle du château, on en retrouvera un autre surdimensionné avec des oreilles d'âne dans les bois. Accrochés dans les arbres les étendards de Shen Ozdemir évoque un carnaval imaginaire lié à ses origines turques et plus loin sur le grand canal Elodie Antoine fait scintiller des volumes dorés en suspension dans l'eau miroitante.

Et sur une scène flottante Raphaël Zarka a créé une sculpture praticable, qui restera sur le site pendant deux ans ou les skateurs peuvent s'éclater en figure de style.

Face à la vie quotidienne de plus en plus angoissante, cette exposition est comme une parenthèse nécessaire et positive où le temps d'une visite le visiteur se plonge dans les codes du merveilleux et de l'étrange, tout en restant dans le monde réel. L'on en oublie les vicissitudes de l'actualité en nous ramenant vers l'enfance, la découverte. Peut-être est-ce aussi cela l'engagement politico-artistique !

Comme les précédentes, cette biennale est une réussite, elle est accessible à tout public et gratuite. L'accueil est sympathique et la communication efficace. Une petite brochure bilingue, elle aussi gratuite, permet une visite efficace et documentée sur les artistes, les œuvres et sur le lieu.
On peut espérer qu'une plus grande reconnaissance lui soit accordée et qu'elle pourra se développer pleinement dans les prochaines années car les possibilités sont immenses.