Corpus Delictiau Palais de Justice de Bruxelles
Panamarenko, "Pepto Bismo", 2003, Corpus Delicti
Michel Couturier, "Shadow Piece", 2006-2008, Corpus Delicti
Johan Muyle, "Is ther life before death?", "Atlas", "Plus d'Opium pour le peuple",
Djos Janssens, "Innocent or Guilty", 2008, Corpus Delicti
Jan Fabre, "Zal hij voor altijd met aaneengesloten voeten staan?",1997, Corpus Delicti
Berlinde De Bruyckere, "In Flanders Fields", 2000, Corpus Delicti
Wim Delvoye, "Windroos", 1992, Corpus Delicti
Denmark, "Bois de Moniteur Belge", 1987, Corpus Delicti
Jacques Charlier, "Alaaf", 2007, Corpus Delicti
Patrick Corillon, "La Mètèorite", 1995, Corpus Delicti |
Le Palais de Justice de Bruxelles est l'un des monuments les plus remarquables élevés en Europe au XIXe siècle. Plus grand que Saint-Pierre de Rome, pour vous donner une idée. En façade, des caissons de tôle ondulée et des échafaudages dus à des travaux de restauration bloqués depuis sept ans dénaturent le visage du monstre mais à l'intérieur, quel somptueux espace ! Un symbole de la puissance de la Justice choisi par les organisateurs de Corpus Delicti pour faire événement. Parce qu'il accueille une expo ? Pas vraiment. Plutôt une confrontation, dynamique et interactive, entre la majesté du lieu et la cinquantaine de pièces d'art actuel qui y ont été placées à l'intention du grand public. Rien de provocateur, rien de sacrilège, aucune déflagration dans les consciences des connaisseurs car, majoritairement issues de collections publiques belges, la plupart des œuvres sont connues.
Synthétisé par son nom, le concept qui définit le projet réunit de manière consensuelle les acteurs du monde judiciaire, les plasticiens et tous les anonymes qui passent par là : les objets d'art (s)ont un corps. Comme les vivants, la matière est pétrie d'humanité et source de conflits. Aucun artiste, présumé délictueux par nature, ne s'est pourtant risqué à œuvrer in situ pour matérialiser sa conception de la justice des hommes… On aurait tort, cependant, de faire un mauvais procès aux organisateurs et de bouder son plaisir. Il y a de la sensualité, de l'harmonie, de l'humour, des humeurs et l'amour du Beau à partager ici et là. Avant même de pousser la porte d'entrée principale du Palais, ce sont les barreaux métalliques d'une cage à hauteur d'homme qui nous aimantent. Introduisons la pièce de monnaie qui nous permet d'ouvrir la porte électronique et prenons place à l'intérieur, enfermés volontairement dans cette prison. Nous payons pour être privés de liberté, pauvres cloches, l'ironie de Leo Copers est salutaire. Aussitôt entrés dans le Palais, nous sommes mis en présence de cinq écrans où s'affiche le portrait individuel de cinq hommes d'origines ethniques multiples. De façon lente et répétitive, ils nous regardent fixement, ils baissent la tête, ils relèvent la tête, ils nous regardent fixement. Cette installation récente de Ronald Dagonnier nous accueille avec bienveillance (c'est le titre de l'œuvre) pour nous dire que durant deux mois, la salle des Pas-Perdus, surplombée d'une coupole grandiose s'élevant à 100 mètres du sol, les galeries du premier étage, l'escalier monumental et leurs alentours permettent à tous d'admirer le travail de créateurs aussi talentueux que Wim Delvoye, Jan Fabre, Panamarenko ou Johan Muyle. Qui gît sur le dos, il y a aussi ce cheval en polyester de Berlinde De Bruyckere, chargé d'histoire. Plus loin une Pietà bien belge avec son enfant mort (un Schtroumpf !) dans les bras. En déambulant, on croise encore un géant, un robot, un enfant, des torses ligotés, des squelettes ou des patineurs en bronze. Le corps d'une pendue fait de l'effet. Comme ce type à tête de chat (parce que l'artiste s'appelle Alain Séchas ?) qu'on croirait sorti décidé d'une case de bd, un flingue au bout de son bras abaissé, tandis que la toile derrière lui explique : "pret à faire une grosse bêtise". S'arrêter pour regarder les vidéos et apprécier ce buste qui s'excuse parmi les bustes immuables du Palais ; suivre les empreintes de pas qui nous précèdent ; lire l'histoire de plaques émaillées qui nous racontent l'histoire du Petit chaperon rouge : le Palais invite à une promenade rêveuse. Le soir, il paraît que des comédiens jouent à différents endroits en français et en flamand, qu'on entend de la musique et qu'on peut boire et manger. Le corps du délit n'est pas à chercher ailleurs. Catherine Angelini
Bruxelles, septembre 2008
Palais de Justice de Bruxelles, Place Poelaert 1 - 1000 Bruxelles
du 25 septembre au 21 novembre 2008, du lundi au samedi, de 9h à 17h Commissaire général d’exposition : Florent Bex, directeur honoraire du Musée d’Art Contemporain (MUKHA) d'Anvers, Commissaire Général des expositions de B.A.C. Concepteur & Coordinateur Général : Benoît Noël, Architecte d’Intérieur, Conseil Evénementiel Arts de la scène : Bernard Mouffe, Avocat, chorégraphe, metteur en scène Photographie de Bo Bex et Jean-Marc Henry www.corpus-delicti.be - info@co-de.org - tél. : +32 2 519 86 77 |