Cinédanse
50 films culte

Paris Noir

Nous connaissons Nicolas Villodre depuis des années pour l'avoir rencontré à toutes grandes premières des chorégraphes et danseurs internationaux en France et en Europe, et notamment lors de projections de films historiques à Paris, à la Cinémathèque de la Danse. Cet ouvrage composé avec Dominique Rebaud raconte l'histoire de la conception de la chorégraphie au cinéma qui apparait dès 1928. Ce mot "ciné-danses" était le titre d'une annonce publiée le 27 octobre 1928 par Le Grand Écho du Nord de la France qui offrait des emplois à des "personnes de bonne tenue" dans les domaines de danses "théâtrales", rôles de chant et comédie de ciné. La danseuse Josette Sisco a créé le mot cinédanse, d'après l'historien Fernand Divoire (en 1936). Elle se produira à la salle Iena avec sa compagnie, en interprétant "une gavotte joyeuse - une humoresque" sur des musiques de Bach, Mozart, Dvorak, Debussy, Chopin et Florent Schmitt. Picabia avait utilisé le mot "cinésketch". Puis vint Louis Cuny, au milieu des années 1950, et développa l'idée de "ciné-ballet". Le département Vidéodanse fut créé au Centre Pompidou en 1982, par Marcel Bonnaud et Michèle Bargues. Nous nous en souvenons encore. Patrick Bensard, dans la foulée, créa la cinémathèque de la danse en 1982, au sein de la Cinémathèque Française, absorbée par la suite par le centre national de la danse, en 2012. Son lumineux entretien clôture le livre.

Flash-Back. Louis Lumière montra des danseurs ashantis (1897) dans un village africain reconstitué pour une exposition coloniale à Lyon. Le cinéma se familiarisera avec la danse, avec le temps. Suivirent défilés, cérémonies officielles avec le sport, les jeux Olympiques de 1936 ; puis avec le groupe formé par Rudolf Laban (1879-1958, hongrois danseur, chorégraphe, théoricien, créateur de la notation du mouvement dansé) avec Mary Wigman et Gret Palucca. Edison, puis les films à trucs de Méliès, tel Le Merveilleux éventail vivant (1904) et L'Homme-mouche (1902), pris à la caméra verticale, montrant la danse de façon inédite au spectateur, etc. Le livre évoque la fameuse Anna Pavlova (les Ballets russes) qui tournera dans le film : La Muette de Portici (1916) ; Chaplin (son Sunnyside) s'intéressait à la danse, il invita Nijinski dans son studio, qu'il admirait. Deux belles photos de Chaplin avec des danseuses figure dans ce livre. La Pavlova sera filmée en 1925, invitée par Mary Pickford et Douglas Fairbanks. Elle enregistre des solos de La Mort du cygne, etc. Viennent ensuite les "chorus girls" de Busby Berkeley ; Mistinguett, Joséphine Baker, Edmonde Guy, etc. N'oublions pas Jean Babilée qui a marqué le XXe siècle autant que Nijinski, Noureev et Barchnikov, pour lequel Jean Cocteau écrivit en 1946 le mimodrame : Le Jeune Homme et la mort. On peut voir quelques extraits de films sur le net.

Le XXe siècle ne sera pas en reste. Le livre nous plonge dans tous les pays où se sont manifestés les grands danseurs et les anonymes dans certaines captures cinématographiques. Et toutes danses non-occidentales. Une trentaine de contributions de danseurs, chorégraphes et critiques spécialisés. On voyage et on danse avec Fred Astaire, Ginger Rogers, Gene Kelly : Singin'in the Rain, Carmen Miranda ; on plonge dans la danse filmée et les films américains et européens, les vidéos de la fin du XXe siècle, ainsi qu'avec Pina Bausch, Alwin Nicolais, La La La Human Steps, Wim Vandekeybus et Jan Fabre, Forsythe, Trisha Brown, Lucinda Childs, De Keersmaeker, Cunningham, Pascale Houbin et Philippe Decouflé, ou les avant-gardistes de l'image et des nouvelles technologies le duo : N+N Corsino, chorégraphes et chercheurs intéressés par la cinétique des corps et des paysages, la navigation chorégraphiques et l'interactivité, etc. Mais n'oublions pas Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, 1967 ! dont une image du film compose la couverture de cet ouvrage haut en couleurs qui vous donne l'envie de revoir tous ces films et d'aller au spectacle !
Patrick Amine
Paris, juillet 2025
 

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