Festival et Saison d'ArtChaumont-sur-Loire 2020
Vincent Barré, Chaumont 2020
Wang Keping, Chaumont 2020
Joël Andrianomearisoa, Chaumont 2020
Sophie Lavaux, Chaumont 2020
Léa Barbier, Chaumont 2020
Sophie Lavaux, Chaumont 2020
Penone, Respira L'Ombra, Chaumont 2020
Marinette Cueco, Chaumont 2020
Léa Barbazangues, Chaumont 2020
Makoto AZUMA, Chaumont 2020
Bob Verschueren, Chaumont 2020
Pascal Convert, Bibliothèque de verre, Chaumont 2020
Penone, Installation, Chaumont 2020
Philippe Cognée, Paysage vu du train, Chaumont 2020 |
Depuis plus d'une dizaine d'années, Chantal Colleu-Dumond, la directrice du Domaine de Chaumont, maintient le cap d'invitation d'artistes contemporains (initié depuis 2008) dans plusieurs parties du Domaine. Leurs créations doivent s'inspirer du thème donné. Les commandes d'oeuvres suivent aussi dans l'espace du château et en extérieur pour des oeuvres pérennes. Des résidences d'artistes ont été aussi mises en place dans ce cadre.
Nous savons quelles sont les préoccupations sociétales d'aujourd'hui, notamment autour de la préservation des éléments géologiques, qu'on nomme l'anthropocène ainsi que des rapports de l'espèce humaine et de leurs incidences sur l'écosystème mondial. C'est la raison pour laquelle, le titre du Festival des Jardins 2020 est : "Les Jardins de la terre - Retour à la Terre Mère". A l'entrée du jardin, nous voyons l'oeuvre de Giuseppe Penone : un tronc d'arbre divisé en deux dont l'intérieur du tronc est peint à la feuille d'or. Il s'agit de cet ensemble nommé : Respirer l'ombre. Des dessins inédits sont montrés dans le château, où arbres et branches flottent sur le papier. Ce sont 30 dessins inédits autour de l'arbre, concept depuis ses débuts de son œuvre plastique. Il y a 7 gravures d'arbres : Transcription musicale de la structure des arbres, également présentées. Penone (qui a appartenu au groupe italien de l'Arte Povera, basé à Turin) a lui-même composé les partitions musicales basées sur sa perception des vibrations des arbres. Cette exposition s'inscrit dans le cadre de la parution du livre Arbres de l'auteur Henri Claude Cousseau. Penome a été invité à Versailles en 2013. Joël Andrianomearisoa est un artiste malgache. Ce soir la nuit ne veut pas s'arrêter, titre de l'oeuvre où il utilise, sans hiérarchie le son dans sa dimension immatérielle ou le livre dans son hyper matérialité, tel le textile soyeux ou le plastique rugueux, ou des couleurs plus chatoyantes. Voiles, papiers, textiles divers où apparaissent des lignes dessinées. Cinq lieux d'installations spectaculaires et en cinq temps qui va de la nuit au jour. Une première partie s'intitule J'ai oublié la nuit, la seconde Crépuscule, la troisième En attente de l'aube, la quatrième Le grand jour et la cinquième Histoire sans fin. Cela m'évoque par un glissement médiumnique le fameux titre du livre de Paul Morand, Ouvert la nuit, Fermé la nuit. Il représenta Madagascar à la Biennale de Venise 2019 par l'œuvre I have forgotten the night, pour la première fois, ensemble. Bob Verschueren revient dix ans plus tard avec une nouvelle création, et, comme à son habitude, il imagine des formes avec les matériaux qui sont à sa disposition (comme il a pu le faire dans le Domaine de Saint-Germain-en-Laye pour l'Année Le Nôtre, en 2013, Le Cauchemar de Le Nôtre – avec 14 brouettes et des branches de bois issues du parc !). Il a intitulé cette nouvelle création : L' Arbre de vie, un entrelacement de branches formant un serpent de 25 mètres environ. Il s'explique : "Il me faut une part d'incertitude, une chance d'être surpris. Travailler avec les éléments de la nature exclut le risque de tout maîtriser, de s'ennuyer.". (…) "Au milieu du sous-bois, une sorte de serpent émerge d'une souche d'arbre. Celui-ci serpente entre les arbres alentour et termine son cheminement en s'enfonçant d'un dernier bond dans le sol. Parcours évoquant le chemin de l'arbre, qui vient de la terre et retourne à la terre." ; il cueille, trie, repique éléments végétaux et minéraux qu'il récolte dans l'espace environnant. Quant à la technique du peintre de Philippe Cognée, il enduit ses toiles de cire chauffée puis écrasée, elles produisent une sorte d'effet flou sur les paysages peints, comme si les toiles étaient délavées ; il "questionne l'épuisement de l'image autant que la condition humaine" (…) C'est à partir de partir de polaroids ou de photographies extraites de ses archives personnelles que l'artiste dépeint des lieux urbains presque déserts ou intimes. On verra une trentaine de toiles grand format, intitulé Paysages révélés, dans les ailes Sud et Ouest du Château (vues notamment dans la galerie Templon à Paris, cet hiver). Makoto Azuma et sa bibliothèque végétale : "Au XVIIème siècle, les artistes hollandais célébraient la futilité de la vie à travers la peinture de “Vanités”. Makoto Azuma est animé par le même désir en créant une série d'herbiers contemporains appelés Block Flowers." Sophie Lavaux marque notre cheminement à travers cet ensemble esthétique par une démarche superbement poétique qui nous laisse interdit devant la technique d'installation employée et son résultat ! Des céramiques, de grès ou de porcelaine non émaillées, flottent dans un espace liquide ou sur des miroirs qui perturbent notre regard agréablement ! Une découverte. Elles sont présentées dans les tours de Diane et du Roi. Wang Keping et ses oiseaux forment une concentration insolite. Vincent Barré a tissé des Couronnes pour les arbres, dans le parc du Domaine. Isa Barbier a construit un Faisceau composé de plumes dans l'espace, "oniriques", dit-elle, comme on peut les qualifier : "Une installation de plumes est un objet insaisissable, même par la photographie, qui n'a qu'un rôle de mémoire toujours défaillante, partielle, partiale. Ces sculptures d'air n'ont qu'une apparente fragilité." On reste suspendu comme ces plumes dans un espace d'air fragile et improbable. Léa Barbazangues : avec ses Cristaux, dans la grange aux abeilles : "L'œuvre Cristaux ressemble à de l'eau gelée, car, bien que de compositions chimiques différentes, ils ont une structure commune : aussi bien le givre que les cristaux sont constitués d'atomes ordonnés. Cette organisation de la matière au niveau microscopique se remarque à notre échelle par ces dessins à la fois géométriques et organiques, qui génèrent une intense réflexion de la lumière. L'installation est constituée de cristaux de calcite." (…) "J'emploie dans mon travail artistique des matériaux organiques, car je veux parler du vivant, de la vie de chacun. J'emploie aussi le minéral, constituant indispensable de la Terre qui a joué un rôle essentiel dans l'apparition du vivant, et qui participe toujours aujourd'hui au maintien de la vie sur Terre." Précise-t-elle. Axel Cassel (décédé en 2015) travaille et crée principalement des sculptures sur bois (forme de toupies) ainsi que des bronzes, des plâtres et des terres cuites. Graveur, il a illustré une quarantaine de livres de bibliophilie dont plusieurs avec Michel Butor et Fernando Arrabal. On verra aussi le travail de Marc Nucera et ses sculptures de bois entortillées. Nous connaissons bien la démarche plastique de Marinette Cueco qui a composé des Herbiers fantastiques, composés de feuilles diverses ramassées au fil de ses pérégrinations, racines, tiges, pressées, séchées sont installées confortablement là définitivement dans le mouvement de la plante qui a guidé le geste de l'artiste. Et Pascal Convert nous surprend par son installation d'une bibliothèque translucide dans le château qui fait u certain effet. Lumière, brillance et matières translucides, il utilise le procédé de la cristallisation du verre en fusion, lequel est versé sur des objets et attaque peu à peu la matière des livres ou le bois des sculptures. Cela évoque une transsubstantiation, d'une alchimie particulière qui "retiendrait l'âme du texte". Comme il est écrit. On retrouvera des oeuvres des années passées comme celles de Karine Bonneval (sculpture de sucre dans des coupes en verre) ou l'installation dans les écuries de Stéphane Guiran (qu'on peut voir à L'Isle-sur-Sorgue en ce moment dans une installation intitulée : Les Mers rêvent encore), toujours aussi impressionnante et poétique. Encore une belle saison d'expositions contemporaines avec celui le traditionnel Festival International des Jardins (l'an dernier il y eut près de 500 000 visiteurs), et de la Photographie dans le courant de l'année. Un rendez-vous que je ne manque jamais depuis sa création ! Un must européen sans nul autre pareil. |
For more than ten years, Chantal Colleu-Dumond, the director of the Domaine de Chaumont, has maintained remained true to her word of inviting contemporary artists (initiated in 2008) to several areas of the Domaine. Their creations must be inspired by the given theme. Commissions for works of art also follow in the space of throughout the château and outdoors for permanent creations. Artist residencies have also been set up in this context.
We know what today's societal concerns are, particularly around the preservation of geological elements, known as the anthropocene, as well as the relationships between the human species and their impact on the global ecosystem. For this reason, the title of the Garden Festival 2020 is: "Gardens of the Earth - Return to Mother Earth". At the entrance to the garden we see the work of Giuseppe Penone: a tree trunk divided in two with the inside of the trunk painted with gold leaf. It is this ensemble named: Breathing Shadow. Unpublished drawings are shown in the château, where trees and branches float on the paper. There are 30 original drawings around the tree, a concept that has been part of his plastic work since the beginning. There are 7 engravings of trees: Musical transcription of the structure of the trees, also presented. Penone (who belonged to the Italian Arte Povera group, based in Turin) himself composed the musical scores based on his perception of the vibrations of the trees. This exhibition is part of the publication of the book Arbres by the author Henri Claude Cousseau. Penome has been invited to Versailles in 2013. Joël Andrianomearisoa is a Malagasy artist. Ce soir la nuit ne veut pas s'arrêter, the title of the work where he uses, without hierarchy, sound in its immaterial dimension or the book in its hyper-materiality, such as silky textiles or rough plastic, or more shimmering colours. Veils, papers, various textiles where drawn lines appear. Five places for spectacular installations in five stages from night to day. The first part is entitled I forgot the night, the second Twilight, the third Waiting for the dawn, the fourth The great day and the fifth Endless story. This evokes for me by a mediumistic shift the famous title of Paul Morand's book, Ouvert la nuit, Fermé la nuit. He represented Madagascar at the 2019 Venice Biennale with the work I have forgotten the night, for the first time, together. Bob Verschueren returns ten years later with a new creation, and, as usual, he imagines forms with the materials at his disposal (as he did in the Domaine de Saint-Germain-en-Laye for the Year of Le Nôtre, in 2013, Le Cauchemar de Le Nôtre - with 14 wheelbarrows and wooden branches from the park!) He entitled this new creation: The Tree of Life, an intertwining of branches forming a snake about 25 metres long. He explains: "I need a bit of uncertainty, a chance to be surprised. Working with the elements of nature excludes the risk of mastering everything, of getting bored". (…) "In the middle of the undergrowth, a sort of snake emerges from a tree stump. It snakes between the surrounding trees and finishes its journey by sinking into the ground with a final leap. The path evokes the path of the tree, which comes from the earth and returns to the earth. "It gathers, sorts, transplants plant and mineral elements that it collects from the surrounding space. As for Philippe Cognée's painting technique, he coats his canvases with heated then crushed wax, which produces a sort of blurred effect on the painted landscapes, as if the canvases were washed out; he "questions the exhaustion of the image as much as the human condition" (...) It is from polaroids or photographs taken from his personal archives that the artist depicts almost deserted or intimate urban places. Some thirty large-format paintings, entitled Paysages révélés, will be shown in the south and west wings of the Château (seen notably in the Templon gallery in Paris this winter). Makoto Azuma and his plant library: "In the 17th century, Dutch artists celebrated the futility of life through the painting of "Vanities". Makoto Azuma is driven by the same desire by creating a series of contemporary herbariums called Block Flowers." Sophie Lavaux marks our journey through this aesthetic ensemble with a superbly poetic approach that leaves us speechless in front of the installation technique used and its result! Unglazed stoneware or porcelain ceramics float in a liquid space or on mirrors that pleasantly disturb our gaze! A discovery. They are presented in the towers of Diana and the King. Wang Keping and his birds form an unusual concentration. Vincent Barré has woven crowns for the trees in the park of the Domaine. Isa Barbier has constructed a Beam composed of feathers in space, "dreamlike", she says, as they can be described: "An installation of feathers is an elusive object, even through photography, which has only a role of memory that is always faulty, partiel, partial. These air sculptures have only an apparent fragility. "One remains suspended like these feathers in a fragile and improbable air space. Léa Barbazangues: with her Crystals, in the bee barn: "The work Crystals looks like frozen water, because, although they have different chemical compositions, they have a common structure: both the frost and the crystals are made up of ordered atoms. This organisation of matter at the microscopic level can be seen at our scale by these drawings, which are both geometric and organic, and which generate intense light reflection. The installation consists of calcite crystals." (…) "I use organic materials in my artistic work, because I want to talk about the living, the life of each person. I also use mineral, an indispensable constituent of the Earth which played an essential role in the appearance of life, and which still participates today in the maintenance of life on Earth. "She explains". Axel Cassel (death in 2015) works and creates mainly wood sculptures (in the form of spinning tops) as well as bronzes, plasters and terracotta. As an engraver, he has illustrated some forty bibliophily books, including several with Michel Butor and Fernando Arrabal. We will also see the work of Marc Nucera and his twisted wood carvings. We are familiar with the plastic approach of Marinette Cueco who has composed fantastic Herbariums, composed of various leaves gathered in the course of her peregrinations, roots, stems, pressed, dried are comfortably installed there definitively in the movement of the plant which guided the artist's gesture. And Pascal Convert surprises us with his installation of a translucent bookcase in the castle, which has a certain effect. Light, brilliance and translucent materials, he uses the process of crystallisation of molten glass, which is poured onto objects and gradually attacks the material of books or the wood of sculptures. This evokes a transubstantiation, a particular alchemy that "holds the soul of the text". As it is written. We will find works from past years such as those of Karine Bonneval (sculpture of sugar in glass bowls) or the installation in the stables of Stéphane Guiran (who can be seen in L'Isle-sur-Sorgue at the moment in an installation entitled: Les Mers rêvent encore), as impressive and poetic as ever. Another great season of contemporary exhibitions with the traditional International Garden Festival (last year there were nearly 500,000 visitors), and Photography during the year. An event that I never miss since its creation! A European must without equal. Patrick Amine
Paris, Juillet 2020 |
Festival international des jardins 2020 et Saison d'art 2020, jusqu'au 1er novembre 2020.
Domaine régional de Chaumont-sur-Loire, Centre d'arts et de nature.
Domaine de Chaumont-sur-Loire, Rue des Argillons - F - 41150 Chaumont-sur-Loire
http://www.domaine-chaumont.fr/
Chantal Colleu-Dumond a publié plusieurs ouvrages, et notamment : Jardin contemporain mode d'emploi aux Éditions Flammarion, traduit en anglais et en chinois (réédition en 2019 sous le titre Jardin contemporain le guide), ainsi que de l'ouvrage Art et nature à Chaumont-sur-Loire publié chez Flammarion. En 2019, Chaumont-sur-Loire Art et Jardins dans un joyau de la Renaissance, publié chez Flammarion, ainsi que Gao Xingjian, appel pour une nouvelle renaissance et Juliette Agnel, Taharqa et la nuit.
Voir Stéphane Guiran : site internet de Campredon : https://www.campredoncentredart.com/ - et son livre Les Mers rêvent encore.
photos Eric Sander et P.Amine