tout ce que je veux, artistes portugaises de 1900 à 2020CCC OD Tours
Patrícia Garrido, 1994 O prazer é todo meu V, CCC OD Tours
Patrícia Garrido, 2013 Móveis ao Cubo (A.L.T.), CCC OD Tours
Fernanda Fragateiro, Measuring, CCC OD Tours
Helena Almeida, Entends-moi, 1979, CCC OD Tours
Maria Helena Veira da Silva, 1936-1937, CCC OD Tours
Patrícia Garrido, Interior #2, CCC OD Tours |
Le titre de cette exposition est inspiré de Lou Andreas-Salomé (1861-1937) qui fut psychanalyste après avoir rencontré Freud, et fut autrice de nombreux livres et de correspondances. Elle rencontra Nietzsche en Italie, à l'âge de 21 ans, et composera avec Paul Rée une relation trinitaire. Elle aura à 36 ans, une relation passionnée avec Rilke, bien plus jeune qu'elle. Elle défendit l'indépendance des femmes (ainsi que la liberté sexuelle) dans la société de son époque.
Cette digression est faite pour situer le titre de cette exposition qui rassemble des œuvres de 40 artistes, historiques, modernes et contemporaines aussi qui permettent de parcourir une palette éclectique des acquis artistiques qu’a connu le Portugal au XXe siècle, à travers la création de ses artistes femmes. Parmi elles, nous avons quelques œuvres de la grande Maria Helena Vieira Da Silva (Lisbonne,1908-1992, France), de Paula Rego, qui a une exposition à L'Orangerie à Paris (2019) et dans une galerie ; notons les modernes : Aurélia de Sousa, Maria Helena Vieira da Silva, Lourdes Castro, Paula Rego et son univers torturé, Ana Vieira, Salette Tavares, Helena Almeida, et les artistes d'aujourd'hui : Joana Vasconcelos, avec des œuvres anciennes (Brush me,1999), Maria José Oliveira, Grada Kilomba, Helena Almeida ; quant aux artistes contemporains signalons en particulier l'artiste lisboète Fernanda Fragateiro qui montre une œuvre très intéressante et emplie de références historiques et notamment Patrícia Garrido, dont les sculptures sont remarquables aux formes singulières et insolites, composés de matériaux tel que le caoutchouc, l'acier ou les résines, deux artistes que nous avons rencontré à Lisbonne dans leur atelier. Fernanda Fragateiro développe un travail sur l'histoire de la sculpture, l'architecture et les concepts expérimentés par un Bruno Monari, designer-architecte italien, et Agnès Martin ; elle introduit dans son œuvre des références culturelles liées à la bibliothèque philosophique et aux textes sur l'histoire de l'art. Certaines sculptures de bois peint (monochromes) intègrent dans leur composition des livres comme matériaux de connaissance intrinsèques de l'œuvre, insérés dans des parties des volumes. Ils agissent comme des pièces iconiques. L'œuvre, Measuring E1027, qui est montrée dans l'exposition sur un grand mur, est un ensemble de livres ouverts où peut apercevoir des folio-textes choisis par l'artiste pour leur contenu idéologique, même si les livres en question ne sont pas lisibles véritablement par le spectateur. Un travail de mémoire qui renvoie à l'artiste cubaine, Clara Porset (1932-1981). Une œuvre très aérienne. Elle est représentée à Bruxelles par Irène Laub. Patricia Garrido s'inscrit dans un certain minimalisme proche d'un Carl Andre ou d'un Bruce Nauman. Certaines sculptures évoquent parfois l'humour d'un Duchamp, telle que cet objet de désir intitulé : "O prazer é todo meu", un jeu de mot sur la formule : Tout le plaisir est pour moi, mais elle ici totalement inversée quand on regarde sa sculpture quelque peu "érotique", une approche dirions-nous "hédoniste" de la sculpture, tout en silicone et polyester, avec une languette de cuir au centre. On verra notamment un cône construit avec un ruban de lanières en caoutchouc, une boule de fer accumulé et son fameux cube de bois divers stratifié : "Móveis ao Cubo (A.L.T.)". Son atelier à Lisbonne est un véritable laboratoire où elle expérimente des nouvelles approches picturales. On peut y voir une très grande sculpture métallique, un intérieur grillagé qui laisse passer la lumière, mais qui ne laisse entrer personne ! Être ou ne pas être dans le volume ! Pourrait-on dire. Deux découvertes passionnantes. On découvrira les tableaux de grands paysages "intérieurs" d'une Maria Capelo dont on a pu voir une exposition à Lisbonne tout dernièrement. Signalons aussi quelques artistes à découvrir : Susanne Themlitz, Grada Kilomba, Patrícia Almeida, Carla Felipe, Filipa César, Inês Botelho, Isabel Carvalho, Sónia Almeida, etc… Le choix de présenter ces artistes portugaises est une manière de révéler une certaine création européenne féminine que nous avons tendance à négliger. Nous vous invitons à les découvrir à Tours et sur la scène internationale cette année, en France et en Europe. Patrick Amine
Lisbonne et Tours, mars 2022
"tout ce que je veux", Artistes portugaises de 1900 à 2020
Saison France-Portugal, 25 mars au 4 septembre 2022 CCC OD - Tours – Jardin François 1er 37000 Tours www.cccod.fr - tél : +33 2 47 66 50 00 Note : Commissariat : Helena Freitas, Bruno Marchand. Le catalogue "Tout ce que je veux/ Tudo o que eu quero", de l'exposition est disponible en deux versions bilingues : une en portugais/français et une autre en portugais/anglais. La coordination éditoriale est assurée par Clara Vilar et la conception par José Albergaria, du studio Change is Good, il est publié par Imprensa Nacional en partenariat avec la Fondation Calouste Gulbenkian et la Direction générale du patrimoine culturel. "Tout ce que je veux. Artistes portugaises de 1900 à 2020", présentée au CCC OD à Tours du 25 mars au 4 septembre 2022. "Tout ce que je veux. Artistes portugaises de 1900 à 2020" vue d'exposition au CCC OD, Tours, France, mars 2022 - Fondation Calouste Gulbenkian, France. Saison France-Portugal. © Photo(s) : F.Fernandez Crédits Calouste Gulbenkian Foundation, photos Pedro Pina |