Cassandre Sturbois, exporevue, magazine, art vivant et actualité

Le carnaval comme explosion de couleurs, danse des formes emportées dans l'extase,
le carnaval comme ouverture à de nouveaux rapports au corps, à l'espace et au temps, à l'aune de l'extravagance et de la démesure,
le carnaval comme bouffées de vie, paroxysme de la fête, entre nudité et parures, où le régime de l'existence passe dans la grande affirmation solaire.

Les photographies de Cassandre Sturbois font plus que capturer un espace-temps habité par le dionysiaque : elles recréent le dynamisme des chorégraphies sous une forme quasi-picturale. Les corps dansants sur le fil de la jouissance, les corps jouissants de n'être plus que danse sont transfigurés en tracés de lumières, en motifs végétaux, changés en constellations chromatiques où, derrière l'abstraction, sourd une folle énergie, celle de la vie qui parie sur l'ivresse de la légèreté, sur l'exubérance des affects de joie. À l'emportement de myriades de corps dans la fièvre font écho ces fondus enchaînés de lignes saturées de couleurs vives. Nul arrêt sur image, rien de figé dès lors, mais la saisie de cet autre état où tout virevolte, de ce jeu avec la pesanteur que ne cesse d'explorer le carnaval. Les matières deviennent des trouées de luminosité où les contours se dissipent, les chairs deviennent des paysages, des feux follets qui s'émancipent de l'inertie des choses, des normes étroites, de tout ce qui mortifie et fossilise.

Au travers de ces coulées du visible, Cassandre Sturbois offre un voyage intérieur dans les plis de la volupté d'être, là où se décline la grammaire du désir sous ses mille et une formes, dans la convocation de tous les possibles, de toutes les alliances, hors de l'imposition des Lois qui bâillonnent et des interdits qui briment l'illimité des pulsions. Le carnaval tel qu'en lui-même il ruisselle dans un sacre de la vie qui célèbre l'intense.