MathématiquesUn dépaysement soudain
Mathématiques, Fondation Cartier
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Mathématiques, Fondation Cartier |
"La moindre chose contient un peu d'inconnu. Trouvons-le." Guy de Maupassant
On a souvent opposé les sciences, les Mathématiques en particulier, au travail "créatif" des artistes. Alors que les sciences sont censées vouloir comprendre et expliquer le monde, les arts prétendent puiser au cœur de l’imaginaire et figurer un univers, reflet de sentiments et d’expressions personnels. Comme si la personne de l’artiste était étrangère au monde.
La Fondation Cartier pour l’art contemporain, suivant le chemin thématique qui lui est propre, a saisi la formule du mathématicien Alexandre Grothendiek pour "soudainement dépayser" le visiteur : quoi de plus interrogateur et de plus "décoiffant" pour le profane ( le public est très abondant) que d’entre ouvrir les portes d’une science qui elle, n’est pas descriptive, mais souvent "initiatique" en ce qu’elle puise au cœur de la pensée pour découvrir les outils de la compréhension du monde et de l’univers. "Beaucoup de réflexion et non beaucoup de connaissances. Voilà à quoi il faut tendre" disait Démocrite. C’est en fait dans cette direction que l’exposition se dirige. Elle montre que les plus grands mathématiciens, qu’ils appartiennent à une "galaxie" ou à une autre, ont en commun cette soif de satisfaction procurée par la beauté, l’esthétique de la découverte et de la compréhension. Au "Point de science sans esthétique" de Khalil Gibran, les concepteurs de l’exposition, Hervé Chandès, directeur général de la Fondation Cartier, Jean-Pierre Bourguignon, directeur de recherche au CNRS, Michel Cassé, astrophysicien, Giancarlo Luchini, Thomas Delamarrre les autres contributeurs, ont répondu en confiant la visualisation des salles à 9 artistes : Jean Michel Alberola, Raymond Depardon, Claudine Nougaret, Takeshi Kitano, Beatriz Milhazes, Patti Smith, Hiroschi Sugimoto et Tanadori Yokoo, dans une scénographie signée David Lynch Cette expérience intégratrice permet de mesurer à quel point l’intelligence humaine fait peu de cas du cadre ou du sujet dans lesquels elle s’exprime. Bien que traitant du même sujet, les artistes ont réussi, à se fondre, malgré l’assertion de Léon-Paul Fargue qui prétendait "qu’en art, il faut que la mathématique se mette aux ordres des fantômes", à se soumettre aux impératifs d’une réflexion abstraite et fondamentale, celle des Mathématiques. Il aura fallu une énorme dose de modestie pour arriver à ce que des artistes adulés par ailleurs, se mettent au service de la science la plus fondamentale et la plus abstraite qui soi. Au cours de l’exposition, on ne manquera pas de noter que ces chercheurs de haut niveau ont su renvoyer l’ascenseur et qu’à l’instar des artistes qui "interprètent" le monde, les mathématiciens sont pris de rêves esthétiques . D’ailleurs comme le souligne Breatriz Milhazes, " les Mathématiques sont liées aux œuvres d’art depuis toujours, les artistes s’en servant comme point de référence et comme élément susceptible de les aider à développer leur recherche artistique". Pourtant Jacques Prévert prétendait que "quand l’art est de rigueur, l’art est nié", alors que les Mathématiques sont nécessairement de rigueur. Au suivi de cette exposition " dépaysante", on perçoit la volonté de montrer, comme le souligne Hiroschi Sugimoto, que "l’art, les Mathématiques et même la religion servent le même but : nous expliquer ce que nous ne comprenons pas". Bernard Blum
Paris, janvier 2012
Mathématiques, un dépaysement soudain, du 21 octobre 2011 au 18 mars 2012
Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, 75014 Paris Publication : Mathématiques, un dépaysement soudain, Ed. Fondation Cartier versions française et anglaise relié, 22x28 cm, 224 pages inclus : CD inédit – Patti Smith, David Lynch, Misha Gromov fondation.cartier.com |