Constantin Brancusi Princesse X, 1915/16, Bronze poli, 61,7 x 40,5 x 22,2 cm
Centre Georges Pompidou, Musée national d‘art moderne, Paris © 2011, ProLitteris, Zürich
Photo: © Collection Centre Pompidou, Paris, dist. RMN, Paris / © 2011, Adam Rzepka

Constantin Brancusi. Muse endormie 1910. Bronze poli, 16 x 27,3 x 18,5 cm
Centre Georges Pompidou, Musée national d‘art moderne, Paris, don de la baronne Renée Irana Frachon
© 2011, ProLitteris, Zürich. Photo: © Collection Centre Pompidou, Paris, dist. RMN, Paris / © 2011, Adam Rzepka

Constantin Brancusi. Le baiser, 1907/08. Plâtre, 28 x 26 x 21,5 cm
Hamburger Kunsthalle © 2011, ProLitteris, Zürich
Photo: © bpk, Berlin/Hamburger Kunsthalle

Constantin Brancusi. Une muse, 1912. Marbre blanc, 45 x 23 x 17 cm, Socle trois parties, chêne
vers 1920, dimensions totales 97,5 x 47,3 x 47 cm. Solomon R. Guggenheim Museum, New York
© 2011, ProLitteris, Zürich. Photo: © 2011, the Solomon R. Guggenheim Foundation, New York / David Heald

Constantin Brancusi. L'oiseau, 1923 / 1947. Marbre et calcaire, hauteur 89,2 cm
Socle en deux parties, marbre et calcaire, dimensions totales 31,8 cm
Fondation Beyeler, Riehen/Basel © 2011, ProLitteris, Zürich. Photo: Robert Bayer, Basel

Constantin Brancusi. Colonne sans fin, 1918
Ch�ne, 203,2 x 25,1 x 24,5 cm. The Museum of Modern Art, New York, don de Mary Sisler, 1983
� 2011, ProLitteris, Z�rich. Photo: � 2011, the Museum of Modern Art, New York, dist. Scala, Florenz

Constantin Brancusi dans son atelier, ca. 1933/34. photographie de l’artiste © 2011, ProLitteris, Zürich
Photo: © Collection Centre Pompidou, Paris, dist. RMN, Paris / © 2011, Constantin Brancusi
au Musée national d‘art moderne / Centre Georges Pompidou, Paris, legs de l'artiste / Georges Meguerditchian

Richard Serra. Belts, 1966/67. Caoutchouc vulcanisé et tube néon, 182,9 x 762 x 50,8 cm
Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Panza Collection, 1991
© 2011, ProLitteris, Zürich. Photo: Serra Studio, New York / Peter Moore

Vue de l'exposition � la Fondation Beyeler, Riehen/Basel. Richard Serra, Fernando Pessoa, 2007/08
Acier résistant aux intempéries, 300 x 900,4 x 20,3 cm
Collection de l'artiste, courtesy Gagosian Gallery © 2011, ProLitteris, Zürich. Photo : Lorenz Kienzle

Vue de l'exposition à la Fondation Beyeler, Riehen / Basel. Richard Serra. Olson, 1986
Acier résistant aux intempéries, deux plaques courbées en cône, hauteur 3,1 m pièce,
longueur de corde 10,5 m et  10,1 m, épaisseur 5,1 cm pièce. Collection de l‘artiste

Richard Serra. House of Cards, 1969
Plomb, quatre plaques, 152,4 x 152,4 x 2,5 cm pièce
Collection de l'artiste © 2011, ProLitteris, Zürich. Photo: Serra Studio, New York

Richard Serra. The Consequence of Consequence, 2011
Acier forgé résistant aux intempéries, deux blocs, 88,9 x 114,3 x 101,6 cm et 114,3 x 88,9 x 101,6 cm
Collection de l’artiste © 2011, ProLitteris, Zürich. Photo: Serra Studio, New York /  Lorenz Kienzle

Richard Serra Strike: To Roberta and Rudy, 1969–1971. Acier laminé, 244 x 732 x 2,7 cm
Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Panza Collection, 1991
© 2011, ProLitteris, Zürich. Photo: Serra Studio, New York / Peter Moore

Richard Serra, New York, 1987 © 2011, ProLitteris, Zürich
Photo : Serra Studio, New York / Nancy Lee Katz

Au premier abord tout semble rendre impossible la confrontation des œuvres de Constantin Brancusi et celles de Richard Serra dans un même lieu, aussi prestigieux fut-il comme celui de la fondation Beyeler à Riehen ( Bâle). Les époques, les styles, les motivations, les moyens mis en œuvre. Voulait-on créer un choc, une confrontation, un affrontement ; qui en sortirait vainqueur ?
En réalité, cette gageure Richard Serra l'avait lui-même ressentie en soupesant longuement le bien-fondé de cette exposition. Elle devient encore plus évidente en parcourant les salles de la fondation. Brancusi, le sculpteur génial des années Art Deco s'est acharné à figurer et simplifier l'organique, le vivant ; en extraire les lignes directrices qui pouvaient en inspirer l'esprit. Les œuvres de cet artiste sont à contempler, observer et ressentir. Elles siègent sur un socle et s'offrent au spectateur, en attendent reconnaissance. Partant d'un sujet identique, comme par exemple "Le Baiser", les sculptures varient , procurant selon le matériau des sensations différentes. De toute évidence Brancusi voulait créer une émotion par la communion avec ses œuvres ; non pas une émotion métaphysique, mais celle de la vie, du vécu. Elles sont le témoin d'une époque qui restait attachée aux réalités de la nature et des hommes ; parfois de la façon la plus cruelle.

C'est sans doute cette intensité du vécu qui a touché le jeune Richard Serra, alors étudiant à Paris. La contemplation des œuvres et l'intensité créatrice qui régnait dans le studio de Brancusi ont créé chez lui une fascination, source de sa vocation . Mais une vocation orientée dans une toute autre direction. Après une période, disons, d'hésitation au cours de laquelle, comme avec Belts ( 1966) il cherche a donner vie à des objets hétéroclites, Serra se lance dans l'abstrait le monumental, le massif industriel. "Avec le monumental, j'ai commencé là où Brancusi est arrivé" , précise Richard Serra. Mais en réalité, il ne fait pas de sculptures au sens propre du terme. Il fait fabriquer des éléments abstraits de constructions qui, par leur masse, leur géométrie et leur dimension incitent le spectateur à pénétrer, contourner l'œuvre pour en découvrir les perspectives les plus insolites.
Avec Richard Serra, c'est la confrontation avec le matériau brut et sa masse qui doit créer la sensation. Les pièces doivent donc atteindre des dimensions sans cesse plus extravagantes, comme celles fabriquées pour Documenta à Paris en 2008. Mais obligatoirement confinées dans un espace clos comme dans les belles salles de la fondation Beyeler, elles perdent de leur force. C'est peut-être cette difficulté qui conduit maintenant Richard Serra à se tourner vers des œuvres sur papier (Elevational Weights). Ces œuvres récentes sont au premier abord assez déroutantes car elles semblent indiquer un retour aux techniques minimalistes que tant d'autres artistes contemporains ont explorées. Ce sont pour Serra qui en admet lui-même l'ambiguïté, des "dessins" destinés à faire ressortir une affinité , une connivence intime avec une expression graphique. Cette perception physique induite par les tracés rectilignes en relief permet de redonner une dimension sensuelle aux travaux de Richard Serra.
C'est peut être là que la relation avec Brancusi se manifeste.