Isabelle de Borchgrave

Jardin du Isabelle de Borchgrave

Isabelle de Borchgrave

Isabelle de Borchgrave

Isabelle de Borchgrave

L'artiste Isabelle de Borchgrave a créé une composition tout en papier pour mettre en scène, à travers certaines périodes, la vie et l'œuvre de Picasso, habité et hanté par les sept femmes de sa vie. Ici, c'est l'image du Labyrinthe et de ses échos mythologiques qui s'ouvre comme un théâtre d'ombres.

Le matériau utilisé par Isabelle de Borchgrave, depuis une trentaine d'année, est le papier. Elle découpe ses rouleaux de papier, utilise ciseaux et peinture acrylique pour revisiter à sa manière originale, par exemple, les costumes des Ballets Russes, Serge de Diaghilev, Léon Bakst, Henri Matisse, la tente de Mariano Fortuny ou bien les fastes des costumes de la cour des Médicis, les intérieurs du XVIIIe siècle, ainsi que diverses commandes pour des musées historiques internationaux. Elle élabore des séries qui évoquent une histoire des arts plastiques et décoratifs du XVIIe siècle à nos jours.

Comment interpréter et ouvrir une autre scène entre les femmes (sept moments intenses et tumultueux de la vie) qui ont accompagné l'œuvre de Picasso pendant plus d'un demi-siècle, ainsi que le rapport entretenu avec les références mythologiques et notamment l'œuvre autour du Minotaure et la Minotauromachie ? Isabelle de Borchgrave a imaginé un Picasso, en marinière, avec son masque de taureau (photo historique où il se met en scène chez lui et sur une plage) comme encerclé par ses femmes (on sait que l'on devait sacrifier au Minotaure 7 jeunes gens et 7 jeunes filles, tribut exigé par Minos à Egée, roi d'Athènes).

La création se présente comme une scène de théâtre où sont dressées de grandes bandes de papier, en forme de moucharabiehs, qui évoquent les diverses époques de Picasso. Ces tentures fragmentent l'espace de la scène et relient visuellement entre eux les divers éléments de l'installation (panneaux de 3,50 m x 90 cm) qui représentent les parois du labyrinthe à la manière d'une coulisse de théâtre, dont la longueur avoisine les huit mètres et demi de longueur. Dans son installation, Isabelle de Borchgrave recourt à son imagination en utilisant, sans mimétisme, certains repères graphiques de l'œuvre de Picasso. Le public découvre ainsi les arcanes féminines du labyrinthe, évocation libre et originale, par les costumes, les couleurs, les formes des visages stylisés par des fils de fer, les postures et figures de Fernande, Olga, Marie-Thérèse, Dora, Eva, Françoise, Jacqueline…

Cette reconstitution imaginaire de personnages réels est réalisée à partir de modèles de robes portées par les sept femmes. Isabelle de Borchgrave a pris en considération les archives photographiques et les déclinaisons successives de la palette de l'artiste et de la mode des époques de référence, en insufflant sa propre palette.
Au sol, l'artiste a disposé le fil rouge d'Ariane qui relie chacun des personnages féminins à la figure centrale de Picasso coiffé d'une tête de taureau. On peut se demander qui recueillera finalement la pelote rouge. L'œuvre de papier d'Isabelle de Borchgrave transforme ainsi la fable mythologique du Minotaure en théâtre d'ombres. Le mythe fondateur de la civilisation minoenne devient alors prétexte à explorer les ressources de la création artistique, en retraçant le fil des amours de l'artiste avec les sept femmes qui l'ont inspiré.

Métaphore vivante de la puissance créatrice de l'inconscient, l'image complexe de Picasso-Minotaure renvoie alors le spectateur aux différentes interprétations qui entretiennent l'expérience originale du mythe dans l'histoire de l'art moderne et contemporain. Isabelle de Borchgrave en a saisi les multiples fils pour réaliser une composition originale et sans précédent.
"J'ai choisi de révéler les femmes de Pablo, comme si elles s'étaient échappées de l'Histoire du Labyrinthe, par mon théâtre de papier, d'ombres et de lumières. Ainsi Fernande, Olga, Marie-Thérèse, Dora, Eva, Françoise, Jacqueline, restent immortelles à travers son œuvre."