40èmes Rencontres Internationales de Photographie d'Arles
 
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
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Arles 2009
Arles 2009
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Arles 2009
Arles 2009
Arles 2009
 

Arles 2009

Arles 2009 affiche

 
 
 
 
Arles, première journée…

La horde du petit monde de la photo se presse à Arles, pour la quarantième fois cet été.
Jetset microcosmique, cocktails en tous genres, terrasses bruyantes.
Le journée d'ouverture invite le Tour de France et ses sportifs en destriers métal, nous rappelle qu'il existe une autre vie.
Aux anciens ateliers SNCF s'exposent les invités de la commisaire des Rencontres 2009,
Nan Goldin, actrice-sujette de sa propre dépendance, qui sex-pose à Arles cette année.
Suspendues aux panneaux blancs qui coupent cet espace improbable, des images de maisons abandonnées.
Hirondelles mortes et papier peint aux lettres de l'alphabet ornées de fleurs & d'animaux naïfs – Chambre d'enfant.
Amoncellement de chaussures qui se superposent à des partitions de musique jonchant le sol – Pièce non identifiée.
Amas de neige soufflé par le vent sur un matelas vieilli – Chambre des parents.
Poupées ensorcelées plongées dans un macabre repos éternel – Chambre d'enfant.
Pièce aux tiroirs ouverts béant sur leur propre vide, entraperçue par l'entre-baillement d'un rideau balayé par le vent – Cuisine.
Guirlandes de Noël offertes au vent – Jardin.
Tout dit la vie qui s'est enfouie, dont seuls restent les artefacts épars qui la composaient.
Respect ému, silence aussi, afin de ne pas déranger plus encore ce chaos qu'Eugène Richards nous livre dans "The Blue Room".
http://www.eugenerichards.com/


Dans un autre de ces ateliers réaffectés, des tirages grand format supportés par de simples  pinces à linge nous montrent à voir la texture même du film photographique : taches, grains, égratignures, grumeaux, magma baryté noir & blanc. Tel Pierre Cordier et ses chimigrammes l'artiste nous montre à voir la texture même du medium photographique, la trame de l'information. Partant d'images piquées au "Blow up" d'Antonioni, allant plus loin que le maître du 7ème art, il mène sa quête de l'absolue vérité.
Chapeau bas pour l'exercice périlleux M. Johan Fontcuberta !
http://www.fontcuberta.com/
http://www.pierrecordier.com/


Arles, deuxième journée & suivantes

Les autres invités de Nan Goldin dont nous avons particulièrement apprécié le travail sont …
Jean-Christian Bourcart, un des 12 photographes invités par Nan Goldin nous embobine dans l'univers du projectionniste. Images d'objectif Schneider-Kreuznach "Cinélux", floux, "vaporosité". Le projectionniste, un autre spectateur, témoin primordial partageant seul l'intimité avec cette image nouvellement née, plus latente du tout.
Ce travail rappelle celui de "Stardust", ou Bourcart photographie la vitre de la cabine de projection, dans un cinéma de son quartier, à Manhattan.
http://jcbourcart.com/


Antoine d'Agata, joue des flous, noirs profonds, nous présente des corps en tension pornographique fortement inspirés de Francis Bacon, des junky la piquouse au bras, de la déchéance en paquets Bonux, en doses allopathiques pas totalement convaincantes, peut-être parce que ressassées, éculées, d'époque en quelque sorte trop.
Duane Michals, qui a droit à une excellente rétrospective, mêlant textes et photographies, dont les portraits célébrissimes de René Magritte. Poésie, dérision, illusion et bien d'autres encore sont les ingrédients qui lient ce grand Monsieur de la photographie au surréalisme.
Le miroir est très présent, le quotidien est une source inépuisable d'inspiration. Parfait, délectable, on en redemande une tranche.
Martin Parr propose la première projection de son projet en cours qui traite du luxe, de l'ostentatoire, du "comment faire en sorte que l'autre constate ma richesse". Bling bling à tout berzingue, chien-chien à sa maman, bourgeoises-cocktail, steeple-chase bien fréquenté, foire des millionnaires de Moscou, Dubaï Art Fair, Motor Show de Pékin, autant de lieux et d'événements ou les riches de ce monde se retrouvent.
La crise à ses raisons que ces gens là ignorent. Longue vie, Sir Martin !
http://www.martinparr.com/


Naoya Hatakeyama, photographe japonais Tokyoïte, expose les boîtes lumineuses de ses séries "Scales" et "Maquettes/Light : tautology of the image" composées d'éléments architecturaux construisant une nouvelle sémantique, comme une tentative cognitive par medium photographique interposé.
Lisa Ross, travaille sur le sacré, dans des territoires lointains
Brian Griffin, a droit à une rétrospective de son travail. Figurent notamment ses portraits pris derrière une glace sur laquelle l'eau coule, troublant la certitude des traits et des regards. Ainsi que sa série de commande du personnel ayant œuvré aux travaux du tunnel sous la manche. Particulièrement réussie celle-ci est largement représentée. Un petit air d'Avedon flotte dans la salle.
http://www.briangriffin.co.uk/


"Without Sanctuary"

Une foule en liesse, endimanchée, certaine de son bon droit, blanche, dominatrice, vient assister fièrement à ces lynchages qui se déroulèrent dans tous les Etats-Unis jusqu'à la fin des années 60. L'ostracisme comme culte …
Ces cartes postales souvenirs, accompagnées d'articles de presse de l'époque invitant les badauds à la "kermesse aux noirs", furent accumulées durant 25 années par James Allen, antiquaire de Floride avant d'être acquises par le Center for Civic and Human Rights d'Atlanta, en 2007, et présentés hors des USA pour la première fois à Arles cet été.
Atlanta est également la ville de naissance d'un pasteur assassiné le 4 avril 1968 à Memphis, feu Martin Luther King Jr, soutenu dans sa lutte contre la discrimination raciale par un autre mort célèbre, John F. Kennedy
http://www.withoutsanctuary.org/


Arles c'est aussi la 14ème édition du Festival OFF, constitué de projections nocturnes dans la cour de l'Archevêché. En chiffres ce sont 950 dossiers soumis et 60 photographes sélectionnés. Le travail de Dragos Lumpan sur la transhumance des moutons en Roumanie : beau, très beau, sensible aussi.
http://www.voies-off.com/


Quant aux galeries présentes en ville, certaines sont temporaires. La galerie PrimoPiano, basée à Naples, expose pour la deuxième année consécutive aux rencontres d'Arles et présente cette fois plusieurs artistes, dont Lorenzo Pari & Maria Eugenia D'Andrea.
L'urgence environnementale est ici mise en avant par l'entremise de mannequins posant sur des tas d'ordures, à Naples, ville poubelle tristement célèbre. Oxymoresque, osons, comme chez Bettina Rheims ou Cindy Sherman.
http://www.primopianonapoli.com/
http://lorenzopari.com/


"Je suis le chien pitié" d'Oan Kim nous entraîne dans une profonde déambulation nocturne, au sein d'une ville non identifiable, peuplée de créatures vaquant à d'hypothétiques occupations.
Voguant en eaux troubles entre documentaire et expressionnisme narratif la photographie d'Oan Kim, intimement mêlée aux textes de Laurent Goudé s'interroge sur la ville, la condition humaine. Troublante, dérangeante, sans possibilité de préhension, la réalité proposée nous inquiète autant qu'elle nous fascine.
http://www.myop.fr/fr/series/oan-kim


Le Prix Découverte :

Parmi les 15 photographes présentés nous avons retenus ceux-ci.
Yang Yongliang, originaire de Shangai, se réapproprie l'art de la peinture de paysage, les shanshui. Il utilise des superpositions d'immeubles détourés, créant une vision cauchemardesque d'une réalité urbaine immuable, pendant moderne de cette nature magnifiée par les maîtres chinois de l'estampe. Créant une nouvelle nature, urbaine, répétitive, stratifiée, en dégradés de gris, il nous balance dans un univers superbement inquiétant. Ce travail, intitulé "Paysages fantômes" fort proche de celui de Yao Lu,  lauréat du Prix BMW à Paris Photo en 2008, par sa forme alliant classicisme et contemporanéité, par son raffinement, fonde les bases d'une nouvelle photographie, sorte de néo-pictorialisme asiatique. Il exposera du 5 septembre au 31 octobre 2009 à Ofoto Shanghai, 2F, Building 13, 50 Moganshan Roa.
http://www.yangyongliang.com/
http://www.ofoto-gallery.com/
http://www.parisphoto.fr/

Sean Lee, jeune photographe singapourien, met en scène le "troisième genre" comme solipse de l'amour des femmes, par l'entremise du "photo-journal-intime" de Shanna. Sa maîtrise des couleurs, sert un abîme de la photographie, donc de la vie & de ses travestissements. Nous sommes baignés dans les univers de la nuit faits de routes bordées de prostituées, de disco bars ou de chambres ou Shanna évolue, bardée de son téléphone, fumant des cigarettes, pensive. Réflexion sur la photographie et sa relation au réel, sur son caractère non descriptif, malgré les apparences. Travestissements, comme chez Cindy Sherman, Duchamp ou beaucoup d'autres grands.
Olivier Metzger propose des travellings noctambules, des "Nightshot" mettant en avant l'étrangeté de la nuit via des captations irréelles, telles celles d'un œil électronique
http://www.oliviermetzger.com/

Jean-Francois Spricigo, poussant le grain de sa pellicule noir & blanc pour rendre des visages, utilisant parfaitement le flou. Son travail techniquement proche de celui de Paolo Pellegrin présent l'année dernière, traite du quotidien, d'animaux (chat, âne, chien, oiseaux), d'arbres, d'aubes.
http://www.joug.org/

André Mérian propose un travail sur les zones périurbaines syriennes de Damas et Alep, effectué en 2006. Son formalisme, proche de celui de David Goldbladt (prix Hasselbladt 200 ?), documente avec rigueur cette réalité en usant d'une belle palette de couleurs, sobres, presque pastels.
http://www.documentsdartistes.org/merian/
 
Pascal Goossens
Bruxelles Arles, juillet-septembre 2009
 
 
Arles 2009, 40 ans de rencontres, 40 ans de ruptures
www.rencontres-arles.com

Lire aussi : 40 years of disruption (in english)

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