Eroscapesby agéa
Philippe Agéa, Hunt, Alsace
Philippe Agéa, Peeping Tom, Paris
Philippe Agéa, Mont de Vénus, Paris
Philippe Agéa, A pic, Paris
Philippe Agéa, Austria, Brenner
Philippe Agéa, Cache-cache, Dordogne
Philippe Agéa, Clair de lune à Ermenonville
Philippe Agéa, Cold Water, Giverny
Philippe Agéa, Houbari, Alsace
Philippe Agéa, Le pied, Paris
Philippe Agéa, Héliotrope 1, Alsace
Philippe Agéa Héliotrope 2, Alsace
Philippe Agéa, Houblonnière, Alsace
Philippe Agéa, Joigny sous Bois
Philippe Agéa, Mercedes, Vallée de Chevreuse
Philippe Agéa, Frangipanier, Saint-Martin
Philippe Agéa, Mikado, ALsace
Philippe Agéa, Dame nature 1, Paris
Philippe Agéa, Dame nature 2, Paris
Philippe Agéa, Rail, Les Andelys
Philippe Agéa, Orthodoxie, Santorin
Philippe Agéa, Mystère, Oléron |
"Il ne s'agit pas de transmettre une vision, mais de toucher les gens à travers une image"
Ansel Adams Les photographies de Philippe Agéa nous font voyager dans le temps. Dans un temps où les lieux, les situations, et tout ce qui s'y rattache nous apparaît comme appartenant à un espace de sensations enfouies dans nos différentes strates de notre mémoire, réactivant comme par un déclic : une noria d'images de paysages et de nus. Il ne s'agit pas là d'un ensemble de photos seulement de nus mais de paysages où les personnages ne sont pas pris comme des accessoires – comme nous le précise l'auteur. Regardez cette jeune femme près d'un abribus faisant du stop ! On peut situer géographiquement la scène, non loin de Joigny sous Bois, et en regardant les affiches colées nous avons une date, puis il y a la capture de l'image. Eroscapes, le titre de l'exposition appelle de nombreuses réflexions. La notion de paysage dans la peinture comme dans la photographie sont des inventions récentes. Ainsi le paysage n'existe pas en soi, comme le souligne Alain Roger (1), l'art constitue le véritable médiateur, le "méta" de la métamorphose, le "méta" de la métaphysique paysagère. Ainsi le corps féminin qui se livre dans l'espace à l'œil du photographe inspire une double contemplation du sujet. Ces différentes photos sont prises en Grèce, en Italie, en Ecosse et à Paris et ses environs. Agéa se réfère à un Ansel Adams par exemple, à Weston, bien sûr, et à Jeanloup Sieff. Dans cette lignée précise, il s'agit de procéder à une "prévisualisation" émotive, de définir la zone à saisir, avec une mise en scène de la perspective entière de l'image sous une grande "dose de sensibilité" intuitive. Ici, le corps est un paysage et non plus un objet érotique essentiellement ; ces images distillent des états d'âmes : actes intuitifs et prise d'images spontanée. Néanmoins, Agéa procède à une mise en scène, le fil conducteur survient dans la foulée, pourrait-on dire. "À l'instar de la nudité féminine, qui n'est jugée belle qu'à travers un Nu, variable selon les cultures, un lieu naturel n'est esthétiquement perçu qu'à travers un Paysage, qui exerce donc, en ce domaine, la fonction d'artialisation." (2) Ecrit encore Alain Roger. Philippe Agéa indique que sa pratique est de l'ordre de la méta-photographie ; les situations révélées sont "au bord de", ses "Eroscapes" sont des environnements où apparaît un effet de fragilité qui l'ont séduit. Puis à partir d'eux, il a ajouté des personnages : inconnus ou des artistes de ses connaissances, etc. Il y a, par exemple, cette jeune femme sur un rocher, au bord de mer, qui attend la vague qui va l'enrouler et s'abattre sur elle. Pareillement, dans un champ de maïs, surgissent des fesses… Des formes de cascade, de dunes à Oléron. En fait, l'artiste doit se libérer de la nature. Il doit créer de nouveaux "modèles", inventer son paysage, "raturer le vif", disait Valéry. Agir comme Le Nôtre en réinventant finalement le paysage, le jardin, l'espace d'une nouvelle contemplation, etc. C'est le romancier Milan Kundera qui avait ce mot assez juste : "La mémoire ne garde pas les pellicules, elle garde des photos." Regardons de nouveau les photos d'Agéa. Patrick Amine
Bruxelles, février/mars 2019
Eroscapes by agéa
jusqu'au 2 avril 2019 Baxton Gallery, Place de la Vieille Halle aux Blés 29, 1000 Bruxelles www.studiobaxton.com www.agea-philippe.com Notes : (1) Alain Roger, Court traité du paysage, Ed. Gallimard, 1997. (2) Concept forgé à partir de néologismes des écrits de Montaigne par Alain Roger qui l'explicite dans son livre cité plus haut : soit l'intervention de l'art dans la transformation de la vision de la nature et du paysage ; notamment dans un livre sur les Nus et paysages. |