Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

Adriano Altamira Conceptual Rigoletta

L'arte sta immobile
Qual raro evento
Muta nel centro
Delsuo pensier

L'art reste immobile
quel événement rare
il change au milieu
de sa pensée

Adriano Altamira, 2014

Adriano Altamira (Milan, 1947) est l'une des personnalités les plus marquantes sur la scène artistique et culturelle italienne, s'établissant simultanément en tant qu'artiste, historien et critique d'art contemporain. Dès 1972, il est reconnu suite à son projet photographique Area of Coincidence, considéré comme l'une des œuvres les plus significatives de cette période.

Pour l'exposition "Conceptual Rigoletta", Adriano Altamira propose une installation à la Fondation Marconi et une édition aux Editions Corriani.

L'image de mains, qui font la couverture de l'édition, avec les deux pouces mis côte à côte en évidence, pourrait être une œuvre emblématique de sa démarche. Ces mains sont celles de l'artiste, qui les regardent et les comparent, à la fois semblables et différentes. Selon le principe de comparaison, elles nous proposent un questionnement à la portée de chacun mais que l'artiste nous convie à prolonger en promenade créatrice intense et quotidienne.

Photographiées puis déclinées en dessin, en gravure, ces mains interrogent la corporalité et sa place dans le monde ; les subtilités du même et du différent, du transfert, du double et des jeux de miroir se posent en différents niveaux de lecture.

Adriano Altamira a un champ de perception culturelle très vaste, nourrit par des décennies de curiosités, tous champs confondus, de la littérature au cinéma, de l'histoire de l'art aux images banales rencontrées dans la vie quotidienne. Tout est appréhendable et utilisable dans le discours créatif, dans une réflexion des déclinaisons artistiques où il perçoit des filiations, des connections visuelles et conceptuelles possibles et s'en délecte.

L'exposition Conceptual Rigoletta, présente une véritable méditation sur le statut de l'image. Dans une ambiance musicale choisie par l'artiste en lien avec son espace de travail, un ensemble de douze petites tables carrées sont installées dans un lieu intimiste de la fondation. En aplat sous plexiglas, soixante dessins mais aussi, quelques textes et citations littéraires, sont présentés. De chaque côté des tables, un tabouret invite le visiteur à s'asseoir pour regarder et réfléchir aux liens reliant les diverses représentations dessinées. Chaque table relate une histoire, trois histoires font un livre, quatre livres proposant un tissu narratif suivant la tradition du roman en images, proposée dans les années 1930 par Max Ernst avec "La femme 100 têtes".

Le choix de la représentation graphique par dessin (brushmarkers, crayon, acrylique), crée une distanciation à la réalité et donne à l'ensemble une unité de style et de lecture aux images dont les origines peuvent être très diverses : artistiques, historiques, documentaires, littéraires, cinématographiques, mais aussi en leur références à la science fiction, à la bande dessinée, aux images publicitaires ou liées au quotidien de l'artiste.

Les lignes thématiques traitent de l'Imagination, de la Perte, de l'Absence, de l'Energie, de l'Equilibre, du Vu et du Caché, de l'Interne et de l'Externe. La représentation du corps, dans tous ces états, y est omniprésente comme fil conducteur.

L'édition révèle dans une brève annexe les moments saillant de l'aventure narrative. L'installation et le livre maintiennent ainsi un dialogue à distance, qui unit en même temps les divise.

La lecture et les distances conceptuelles entre les représentations peuvent être évidentes, ironiques ou complexes, laissant le regardant dans l'interrogation de sa propre lecture. Elles lui ouvrent les champs de son imagination et de ses propres interprétations.

Adriano Altamira fait partie de ces artistes qui nous apprend à regarder et à réfléchir l'image, qu'elle soit savante, artistique ou banale, sans gradation qualitative, mais avec des possibilités de développement de coïncidence visuelle ou conceptuelle, qui mène l'amateur à des parcours jouissifs et créatifs.

"L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art" aurait dit Robert Filliou.