Le tressage des images comme processus artistiqueAdriano Altamira
Adriano Altamira, obra postal
Adriano Altamira, obra postal
Adriano Altamira
Adriano Altamira, tresse
Adriano Altamira, tresse |
"En fin de compte, l'art est toujours le simulacre de quelque chose qui a été perdu", je lis
quelque part, en parcourant le site d'Adriano Altamira, à la recherche de références visuelles
d'oeuvres dont nous avions déjà parlé.
Notre conversation avait été lancée sur la question de la tresse comme symbole, dans ce qui semblait d'abord être un jeu artistique. Mais très vite, alors qu' Adriano continuait à parcourir les photos et les catalogues de ses oeuvres, il est devenu évident que cette idée de la tresse était beaucoup plus riche en subtilité, et a commencé à se déployer comme un processus permanent cherchant à tisser des liens habituellement imperceptibles qui traversent le vaste domaine de notre culture visuelle de façons multiples. En suivant l'évolution du travail d'Altamira, nous avons l'impression de se plonger dans les recueils visuels d'un historien de l'art plutôt atypique. Ces collections photographiques qui puisent dans l'histoire de l'art semblent au recueil de matériel pour des réflexions d'un théoricien, un type d'atlas qui évoque fortement l'Atlas Mnémosyne d'Aby Warburg, bien que sa perspective diffère. Car, si un historien plonge dans l'univers des images comme un regard d'en haut, mobilisé par le désir de généraliser afin de trouver un système, le désir discret mais méthodologiquement guidé d'Altamira semble être celui d'un regard critique qui navigue au plus profond de cette mer visuelle chaotique, tressant des associations au fur et à mesure qu'il positionne une image à côté de l'autre dans ses séries photographiques. Mais, là où un théoricien procéderait par fragmentation de son sujet afin de le catégoriser, la démarche d'Altamira procède de manière plus libérée de toutes définitions : des associations momentanées surgissent lorsque les images se complètent en fonction d'un élément visuel que l'artiste utilise pour attacher son matériel photographique en de longues "tresses" visuelles. Ces associations rappellent sans aucun doute les mécanismes de la pensée inconsciente, et il n'est pas étonnant que le surréalisme et le rêve fassent également partie de son vocabulaire artistique. Sa quête de sens ressemble beaucoup à celle de la divination, flirtant avec la théorie et l'histoire de l'art avec ces collections d'un nombre impressionnant de détails sur les oeuvres et les artistes. Mais sa tentative s'échappe vers un objectif à la fois ambitieux et fugace. Pour Altamira, il semble que le sens soit abordé comme un processus, tandis que ses séries photographiques évoluent au fil du temps. Ces dernières sont parfois réorganisées en de nouvelles associations, et ainsi des nouveaux liens apparaissent, éclairant des nouvelles pistes de réflexion visuelle. L'image-mosaïque de Walter Benjamin me vient à l'esprit, lorsque je contemple le cheminement de l'oeuvre d'Adriano Altamira. Comme si, au cours de sa carrière, l'artiste tentait d'assembler des tesselles à la recherche d'une scène générale qui reste encore insaisissable. Et c'est là que réside la beauté de son oeuvre. Le temps est un véhicule de pensée qui influence nos regards et nos vies. Et l'oeuvre d'Altamira ne semble pas ignorer le processus de fermentation du temps, qui est souvent convoqué dans ses photographies. Comment concevoir le sens comme quelque chose de stable et de sorte d'idéal alors que tout dans la vie est en mouvement perpétuel ? On pourrait dire que le sens évolue, comme le symbole de la tresse qui survit et se transforme à travers les cultures, tout en restant présent pour nous rappeler le processus inconscient des résurgences originelles. Athanasia Vidali
Bruxelles, août 2021
Adriano Altamira
Angelinna #6 La Tresse 03.09 - 07.11.2021 Vernissage et rencontre avec l’artiste 04.09.2021 de 15 à 18 h Les expositions seront visibles tous les jours de 9 à 19 heures, sauf les dimanches hors vernissage Rivoli, Window D, Chaussée de Waterloo, 690, 1180 Bruxelles Jacques Charlier & Adriano Altamira Une chose en entraîne une autre 03.09 - 02.10.2021 Vernissage 03.09.2021 à 18 h Galerie Flux, 60 rue Paradis, 4000 Liège adrianoaltamira.com |