Alexandre Rodtchenko, oeuvres, exporevue, artistes sur ecran

Par un angle, par une plongée, Rodchenko saisit ce présent fugace, cet instant fugitif, cette vie si précieuse, matériau de l'art. Il nous rappelle dans cette exposition du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris qu'il a, bien avant beaucoup, su déceler tout le potentiel de la photographie, à une époque où la peinture était maîtresse des artistes. Précurseur et témoin, Rodchenko fait aujourd'hui figure de référence tant plastique, on pensera au Pionnier jouant de la trompette, à la Jeune fille au Leica et au travail géométrique quasi abstrait de son reportage sur une usine automobile, que politique, par son témoignage historique à travers de nombreux reportages (usines, chantiers, manifestations…) et séries engagées sur le sport et l'armée.
Référence connue et reconnue, nul n'est besoin de faire de ces quelques lignes un cours d'histoire de l'art sur Rodchenko, mais plutôt de saisir l'occasion de s'interroger sur le devenir de la photographie noir et blanc. Un bruit courait, "la photographie noir et blanc est morte". Que répondront ses détracteurs face au succès des expositions présentant cette photographie au grain si particulier ? Bettina Rheims, Vanden Eeckhoudt, Weegee, Rodchenko…, entre Paris et Bruxelles ces derniers mois, le noir et blanc attira un large public. Alors, retour vers une forme de classicisme ou renouveau ?
Point commun à ce succès, l'esthétique de ces expositions et le plaisir de la ballade dans des univers travaillés, aux atmosphères marquantes et de toute beauté. Finalement, morte ou pas, la photographie noir et blanc apporte toujours le même plaisir.

Caroline Spindler, Paris septembre 2007