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La recherche de Franca Ravet a toujours été basée sur l'homme ; son cheminement et tout ce qui encombre sa vie avec les souvenirs heureux ou douloureux, l'enfance jamais effacée et la peur de l'avenir incertain. Cette quête a été traduite en images marouflées sur toile, travaillées en séquences, c'est finalement tout un peuple qui a résulté de cette vaste interrogation qui maintenant évolue et se penche davantage sur l'individu.
Les œuvres récentes sont axées sur une, voire deux figures de proue, deux profils humains qui se répondent en miroir et redécouvrent la vieille technique du poncif maintenant revue et exploitée selon des approches actuelles. Le profil, pas toujours unique, est vu sur un fond neutre où rien ne vient troubler la perception de sa présence et ce profil se répète en miroir sur ce même fond neutre mais totalement différent, passant du clair au sombre mais toujours dans une gamme d'une sobriété absolue. Il n'y a aucun effet facile et pas de couleurs qui retiennent, tout est dans le passage éphémère de cet être perdu qui semble se chercher au fil d'une aventure difficile à communiquer ou à partager, un être face à son destin. Comme dans les périodes antérieures, l'artiste travaille ses fonds à la manière des grands anciens, là où tout semble uni, légèrement coloré ou ombré, il s'agit en fait d'une lente alchimie des couleurs, d'un travail des matières qui va toujours plus loin dans la recherche d'une lumière qui n'est jamais un éclairage mais quelque chose qui sourd de la toile ou du papier marouflé qui apporte ainsi une sorte d'épaisseur vitale au sujet. Parfois le profil humain se trouve face à un obstacle insolite, non défini, quelque chose qui arrête sa progression vers une liberté entrevue ou une lumière qui surgit dans la nuit. Il arrive aussi que l'homme ne soit pas seul, quelques autres sujets très simplifiés sortent de nulle part et sont irrésistiblement liés à l'évolution des choses. La grande rigueur des fonds aux tons neutres est brisée, ici ou là, par des coulées de rouge sombre que l'artiste atténue encore par une sorte de brouillard charbonneux et ces toiles-là font mieux ressortir ces œuvres aux gris somptueusement déclinés et dans lesquelles on découvre une face étrange, sorte d'embryon de visage, promesse d'avenir et de pérennité du phénomène de vie. Dans les œuvres récentes, Franca Ravet en pleine possession de ses moyens techniques, exprime une certaine philosophie qu'elle ne dévoilera pas en paroles. Sans discours et sans démonstration inutile, elle accompagne le long parcours des hommes qui vont passant sur terre au fil d'événements qui parfois les dépassent. En pleine maturité (elle est née en 1957), l'artiste quitte lentement les souvenirs d'enfance, la trace des jeux souvent dits de hasard, pour s'investir pleinement dans les profondeurs de la destinée avec ces répétitions de profils, ces portraits inversés qui sont rappels ou répétitions de tous les faits qui émaillent un parcours de vie. A la recherche de l'identité depuis de longues années, attentive à l'évolution de l'homme et toujours attentive aux situations dans lesquelles plonge l'humain en général, Franca Ravet se refuse à analyser les comportements, elle constate et établit une sorte de bilan ou plutôt un état des lieux. Aucune revendication, aucune lutte, aucun combat, seulement un sorte d'inventaire de la condition humaine au fil des années d'un siècle qui ne s'annonce pas des plus aimable ni des plus souriant pour l'homme. La peinture n'est ni un lamento ni un cri de joie, c'est le constat d'une situation perçue dans son ensemble et qui met l'homme (et son double) face à lui-même et tente d'approcher ce point de non-retour où chacun est censé faire un pas vers l'autre, le comprendre et l'accompagner vers des lendemains qui ne chanteront pas haut et fort mais seront riches de fraternité, de compréhension mutuelle sur fond d'harmonie, de paix et de sérénité. L'œuvre récente est un chant pour l'homme, une célébration d'un monde plus humain qui se cherche encore mais avance sans crainte dans le calme de ces œuvres aux tons quasi neutres et aux traits proches de l'interrogation universelle et permanente : "où allons-nous ?".
Anita Nardon, Bruxelles, octobre 2007
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Franca Ravet, galerie Libre Cours, 100 rue de Stassart, 1050 Bruxelles www.galerielibrecours.eu