Frédéric Penelle, oeuvres, exporevue, artistes sur ecran

Lauréat de l’édition 2005 du Prix de la Gravure (Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée, La Louvière, Belgique), Frédéric Penelle présentera un ensemble inédit de travaux dans la galerie du Botanique à Bruxelles. Mon travail plastique pose un pied dans la gravure sur bois et l’autre dans la représentation allégorique de la vie moderne. Par un jeu constant d’aller-retour entre le découpage, la gravure et le collage, je construis peu à peu un univers inspiré des images que je récupère instinctivement, et détourne à l’envi. (F. Penelle) Graveur, Frédéric Penelle l’est, indubitablement. Mais c’est aussi un inventeur, un sculpteur, un entomologiste, un récolteur, un chimiste, un joueur de scie sauteuse, un bricoleur ou encore un laborantin féroce, qui décline son art et sa petite mythologie sous tous les avatars de la gravure. Il la fait revivre, et lui redonne une noblesse contemporaine à sa manière, avec une maîtrise et une originalité qu’on attendait depuis longtemps dans ce domaine parfois un peu trop replié dans ses pages, dans ses beaux papiers. Son art dévie ici des routes trop empruntées et se prête à de multiples possibilités : un exemple, jubilatoire et judicieux à la fois, du mélange entre une tradition de la gravure bien digérée et un regard toujours en alerte.

Digne héritier d’un surréalisme à l’humour noir et iconoclaste, Frédéric Penelle affirme son monde et ses habitants au fil du temps et de son travail précis. Par ses choix et qualités techniques, esthétiques et philosophiques, son travail fait figure d’ovni sur la scène de l’art contemporain. Créatures en tous genres réunies dans d’étranges bestiaires zoomorphes, machines insolites et consommation de masse se croisent dans une critique intemporelle de notre hasardeuse fuite en avant, parsemée d’hybrides et de mutations incontrôlées. Outre cette sensation d’éclatement et de grand mélange, on sent la science des remèdes qui fascine, la science des organes qui fait peur, et le regard de Frédéric Penelle qui fait sourire. Une exposition située au carrefour de l’encyclopédie inquiétante, du zoo dégénéré, de l’industrie alimentaire et du précis de décomposition. On y ausculte, grâce à une gravure indémodable lorsqu’elle est bien revisitée, l’ironie d’hier, d’aujourd’hui, et certainement de demain.