"Selon ses vœux", Marie Rosen.
La démarche de Marie Rosen est essentiellement axée sur des préoccupations liées au corps, au climat familial et à l'ambiance du foyer, au souvenir et à la temporalité de ceux-ci. Il est question d'objets, de faits du quotidien qui viennent se greffer à la conception mentale que chacun se fait de son propre corps, selon aussi une sorte de recherche de la "protection". Les objets du quotidien récurrents dans sa peinture sont choisis pour cette raison, ce sont ceux que l'on connaît le mieux.
Parlant d'événements personnels, ces images peintes sur bois se situent quelque part dans la narration. Elles parlent d'événements rapides dans le temps, pourtant diffus. Ferveur, histoire, quotidien. C'est la réorganisation du souvenir qui l'amène à la création d'images. Parenthèses actuelles et imaginaires de sentiment, de petits faits, de petits rêves, faisant référence aux ex-voto, "mes images viennent comme des prières, des vœux".
Sans rentrer dans le jeu de l'art intellectualisé, sa peinture se veut plus proche d'un art populaire, accessible à tous, d'où la correspondance avec les images votives. Cette référence ne doit pas se comprendre sous un sens religieux, mais seulement du point de vue esthétique. La recherche de l'objet précieux de petit format, rappellant les enluminures anciennes et ex-voto, doit plutôt être considérée comme une revalorisation de l'acte de peindre, renouant en quelque sorte avec la tradition artisanale. De là, découle sa volonté d'un projet cohérent guidé par la rigueur et le sérieux de sa démarche personnelle.
A contrario, la narration apparaît secondaire : concentrée dans un moment prégnant et figé dans l'espace et le temps, elle constitue la rencontre d'éléments insolites et hétérogènes, dont fait déjà partie le fond sur lequel ils semblent parfois flotter. Cette rencontre est porteuse d'un réseau de sens, qu'il s'agisse de moments inventés ou vécus, modulation d'éléments connus vers des scènes picturales intelligibles pour tous. Ces éléments émergent en fonction de paramètres extérieurs et se modifient parfois un peu par eux-mêmes, jusqu'à acquérir une sorte d'autonomie. La perception est immédiate et ne nécessite pas d'explication. Dans ce sens, aucune interprétation n'est (in-)correcte. Qui sont ces personnages, que font-ils ? La solitude qui les entoure semble les figer dans un contexte qui apparaît pourtant narratif, une sorte de para-monde de projection, dans une image propre au médium.
Jennifer Beauloye, Bruxelles, décembre 2007