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A4 : HELL'O MONSTERS

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Au pays des Hell'O Monsters

L'univers de ce collectif de jeunes artistes est peuplé de personnages hybrides résistant mal à la narration. On imagine facilement ces monstres, qui n'ont rien de bien méchant, être les héros quelque peu déjantés d'une BD loufoque. Le terme "illustrateur" est d'ailleurs utilisé par les membres du groupe, même si leurs illustrations n'accompagnent pas un texte ; elles sont, pour eux, au service d'un monde en perpétuelle évolution, sorti tout droit de leur imaginaire. Leurs monstres fantaisistes, très graphiques, exécutés avec minutie et précision, forment un agglomérat de personnages devant lesquels il est loisible de passer des heures à contempler les détails, parfois surprenants, qu'ils recèlent.

On qualifie les Hell'O Monsters de graffeurs. En effet, leur spontanéité, leurs pseudonymes (Blastus, Desro, Ewing 33 et Tatone) [1], le mur comme support privilégié, la recherche d'un style propre et original les identifient à cette culture urbaine dont ils sont issus. Le graffiti, lorsqu'ils étaient étudiants en art, fut pour ces artistes, comme pour tant d'autres, un vecteur de construction identitaire qui, par la suite, leur permit de trouver fréquemment leur inspiration. Cependant, diverses caractéristiques les en distinguent : le refus d'une démarche clandestine, le rejet d'une rivalité entre tagueurs, une technique qui ne fait appel que très occasionnellement à la bombe, le choix de peintures exclusivement figuratives où le lettrage n'est jamais dominant et enfin, l'utilisation d'éléments en trois dimensions.

Regroupés sous le nom d'Hell'O Monsters depuis un an et demi mais travaillant ensemble, pour trois d'entre eux, depuis déjà six ans, les membres du collectif réalisent, ici, leur seconde exposition personnelle [2]. Cette installation, conçue spécifiquement pour le Palais des Beaux-Arts, illustre le caractère multidisciplinaire du groupe. A l'entrée, leur travail sur papier, plus intimiste, permet d'identifier le style de chaque membre du collectif tout en dévoilant l'homogénéité de leurs dessins. D'emblée, on est frappé par l'unité et la complémentarité de leurs créations collectives, pour lesquelles ils usent principalement de peintures à la laque et de marqueurs à base d'acrylique. L'espace central est occupé par des structures en bois conçues comme les membres d'une joyeuse famille. Ces dernières participent d'une évolution toute récente du groupe visant à s'attaquer à la tridimensionnalité. Les murs de la salle ne sont pas épargnés et dialoguent avec les éléments centraux. L'ensemble forme un univers séduisant empli de satire et d'autodérision.

Atteints du syndrome "Peter Pan", Blastus, Desro, Ewing 33 et Tatone posent leurs dessins comme un acte de résistance à l'univers des adultes et à ses contraintes en le caricaturant. Le titre Game on you, détourné de "shame on you" (honte sur toi), se métamorphose en jeu sur toi et évoque la parodie des humains à laquelle le collectif se livre tout en faisant écho au jeu propre au monde de l'enfance.

Ce monde pop coloré et joyeux fait place, de plus près, à une caricature corrosive des humains que nous sommes. Se déguiser, déféquer, avoir les organes transpercés, vomir, se mettre les doigts dans le nez sont autant d'actions à la fois drôles et cruelles qui, de la même manière que les personnages de certains tableaux mordant de James Ensor, posent un regard critique sur la société, non exempt de fantaisie et d'humour. Les caricatures du collectif nous ramènent à notre nature humaine dans ce qu'elle a de plus trivial et invitent, par le face-à-face avec ces "monstres", à nous libérer d'une existence trop souvent codée et étriquée. Laissez-vous dévorer !

Nancy Casielles
Bruxelles, juillet 2007

Exposition jusqu'au 16 septembre 2007 au Palais des Beaux-arts de Bruxelles, 23 rue Ravenstein, Bruxelles (Belgique)
Tél : +32 2 507 82 00, www.bozar.be

[1] Blastus: Jérôme MEYNEN / Desro: François DIELTIENS / Ewing 33: Grégory VAN CLEEMPUT / Tatone: Antoine DETAILLE / www.myspace.com/hellomonsters
[2] Ils ont été accueillis, en 2006, par la galerie Montana, rue de la Madeleine, 19 – 1000 Bruxelles.