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Documenta 12

La documenta ne mérite pas un tel acharnement. Au fond, la critique (et parmi elle de nombreux artistes), serait-elle nostalgique des commissaires/artistes ? Les actuels commissaires, Ruth Noack et Roger M. Buergel, se seraient-ils posés comme humbles serviteurs de l'art et voilà qui fâche : il les fallait plus visibles, palpables, bruyants, plus "people" ? Partons tout d'abord des impressions générales. Premièrement, cette documenta ne cède en rien au spectaculaire : peu de gigantesques projections, peu de paillettes "sons et lumières". Ce qui la rend étonnement silencieuse. Ce parti pris, renforcé par la teneur précise, sérieuse et souvent politique de certaines œuvres (des installations pour la plupart plongées dans l'obscurité), s'oppose au divertissement vers lequel tendent nos sociétés et auquel l'art n'échappe pas. Deuxièmement, cette documenta n'accuse aucune allégeance aux lois du marché de l'art, ce qui d'ailleurs le lui a été fortement reproché. Pas de subordination aux "young générations" en tout genre, ni d'images somme toute dramatiquement proches de celles de la publicité. De fait, elle n'est ni fashion, ni rock n'roll. Elle n'est pas sexy non plus, d'ailleurs le sexe y est peu traité. Un tantinet austère, je le concède. L'histoire jugera ; mais elle ne laisse pas indifférent(e). C'est une manifestation qui s'inscrit dans une pensée post marxiste où un travail de défrichage a été clairement entrepris, notamment en ce qui concerne les artistes des pays de l'Est et d'Amérique Latine.
La manifestation est répartie sur cinq lieux et présente de multiples travaux de plus d'une centaine d'artistes. En commençant par la documenta-Halle, je fus saisie par la qualité de l'accrochage : un enchevêtrement de plusieurs installations monumentales ; une salle à vous donner le vertige tant les commissaires ont exploité le lieu vers le haut. Autour des cubes post-minimalistes et très humoristes de Cosima van Bonin, Relax it's only a gost, se déploient des œuvres dont la plupart entretiennent des propos ouvertement politiques, comme en témoigne la pièce de Abdoulaye Konaté, Gris-gris pour Israël et la Palestine. Remarquable aussi est le Aue-Pavillon, une architecture tout en transparence de Lacaton et Vassal, un Cristal Palace laissant environ 10 000 m² d'espace à des installations parmi lesquelles je retiendrais le travail de Dimitri Gutov, Fence, dessins ou écritures en métal composés de textes extraits de The German Ideology de Marx, avec annotations de Engel ou bien encore des fragments de lettres de Beethoven à ses maîtresses. Retenons également la pièce Top secret (1989) de Nedko Solakov livrant avec beaucoup d'humour son histoire auprès des services secrets bulgares. Evoquons les chorégraphies plastiques de Trisha Brown, Floor of the Forest, interprétées par des danseurs au fil de la journée, et terminons ce survole par les vidéos de Harun Farocki, Deep Play, qui relègue la coupe du monde de foot 2006 à une vaste entreprise de calculs en tout genre. Loin du spectacle donc.
Une scénographie discrète permet au regard de circuler avec aisance. On navigue ainsi entre les œuvres tout en pouvant prendre le temps d'une pause méditative à l'extérieur des bâtiments, dans l'un des nombreux cafés aux abords du champ de coquelicots de Sanja Ivekovic, dans les allées duquel les visiteurs incarnent les figures impressionnistes de nos ancêtres de la modernité. Bon, Kassel, ce n'est pas Venise mais le voyage mérite bien quelques kilomètres d'autoroutes allemandes.

Nathalie Stefanov, août 2007

Documenta 12 Kassel du 16-06 au 23-09-2007, tous les jours de 10h à 20 h,  www.documenta12.de

lire aussi la Documenta 12, Kassel 2007 de Caroline Spindler.

liste des artistes : Sonia Abian Rose, Ferran Adrià, Saâdane Afif, Ai Weiwei, Halil Altindere, Eleanor Antin, Aoki Ryoko, David Aradeon, Ibon Aranberri, Monika Baer, Maja Bajević, Yael Bartana, Mária Bartuszová, Ricardo Basbaum, Johanna Billing, Cosima von Bonin, Trisha Brown, Graciela Carnevale, James Coleman, Alice Creischer, Danica Dakić, Juan Davila, Dias & Riedweg, Gonzalo Díaz, Atul Dodiya, Ines Doujak, Lili Dujourie, Lukas Duwenhögger, Harun Farocki, León Ferrari, Iole de Freitas, Peter Friedl, Poul Gernes, Andrea Geyer, Simryn Gill, David Goldblatt, Sheela Gowda, Ion Grigorescu, Grupo de artistas de, vanguardia (Archivio Tucumán Arde), Dmitri Gutov, Romuald Hazoumé, Hu Xiaoyuan, Sanja Iveković, Luis Jacob, Jorge Mario Jáuregui, Amar Kanwar, Mary Kelly, Běla Kolářová, Abdoulaye Konaté, Bill Kouélany, Jirí Kovanda, Sakarin Krue-On, Zofia Kulik, KwieKulik, Louise Lawler, Zoe Leonard, Lin Yilin, Lee Lozano, Lu Hao, Churchill Madikida, Iñigo Manglano-Ovalle, Kerry James Marshall, Agnes Martin, John McCracken, Nasreen Mohamedi, Andrei Monastyrski, Olga Neuwirth, J.D. 'Okhai Ojeikere, Anatoli Osmolovsky, George Osodi, Jorge Oteiza, Annie Pootoogook, Charlotte Posenenske, Kirill Preobrazhenskiy, Florian Pumhösl, Yvonne Rainer, CK Rajan, Gerhard Richter, Alejandra Riera, Gerwald Rockenschaub, Lotty Rosenfeld, Martha Rosler, Luis Sacilotto, Mira Schendel, Dierk Schmidt, Kateřina Šedá, Allan Sekula, Ahlam Shibli, Andreas Siekmann, Nedko Solakov, Jo Spence, Grete Stern, Hito Steyerl, Imogen Stidworthy, Mladen Stilinović, Jürgen Stollhans, Shooshie Sulaiman, Oumou Sy, Alina Szapocznikow, Tanaka Atsuko, David Thorne, Katya Sander,, Ashley Hunt, Sharon Hayes and, Andrea Geyer, Guy Tillim, Tseng Yu-Chin, Lidwien van de Ven, Simon Wachsmuth, Xie Nanxing, Yan Lei, Zheng Guogu, Artur śmijewski
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