Muriel Couteau

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Muriel Couteau Muriel Couteau Muriel Couteau    
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Fragments, extrémités, bouts : pieds, jambes, mains, bras, le corps n'est jamais représenté dans sa totalité. La posture, souvent instable est au bord de la chute, dans une position qui paraît impensable, tourmentée et exagérée. La personne est prise, captée au l’instant si bref de sa précaire situation pleine de grâce et de fragilité. Pieds et jambes s'élancent en l'air : bond, saut, extension sur fond de péri urbain, de non-lieux, de terrains vagues, de sites en friche, de voies de chemin de fer. Le bras tombant du ciel forme une diagonale se finissant par la main qui elle vient comme se poser délicatement sur un pylône électrique construisant ainsi une horizontale. Basculement d'échelle, le corps, au premier plan, est tout autant une "dé réalité" que le fond sur lequel il tente de s'appuyer. Entre campagne et ville, zones désaffectées, en mutations, elles sont à l'abandon, perdues, en suspension d'un devenir. Lisières de villes, bords, bordures, franges ; les herbes et brindilles reprennent peu à peu leur droit sur ces morceaux d'asphalte ou de béton attendant quelques affectations. Présence du sol, vastes étendues, routes pour un ailleurs ou trottoirs et bordures qui deviendront fondations pour quelques bâtis à vendre : là, le pas est presque volontaire.

Muriel Couteau met en tension un corps en mouvement qui affirme sa fragilité, sa dérisoire incertitude à se déplacer dans un environnement de l'indéfini. Les postures dessinent des figures verticales qui sauraient évoquer l'instabilité du funambule, l'extension du gymnaste. Les membres se trouvent confrontés à une réalité d'un urbain qui n'a aucune grâce et qui ne cherche aucune esthétique à l'inverse de la chorégraphie des corps morcelés de Muriel Couteau. Pourtant, ce corps et cette zone ont en commun l'incertitude ; le doute de la posture apposée à l'attente d'un aménagement de ce territoire. L'un comme l'autre, ils n'ont pas d'identité, corps générique comme l'environnement qui l'entoure.

Muriel Couteau présente ces images en série de façon à ce qu'elles se constituent en séquences suivant un enchaînement de postures et de fonds, interrompus par une photographie d'herbes sur laquelle vient se poser une phrase. "Si ça doit durer longtemps, il faut que je le sache".

Les images se lisent comme des mots, formant des rythmes, des élans, des appuis avec la permanence d'un mouvement interrompu du corps qui relié à l'espace, du sol au ciel, permet d'élaborer la narration d'un corps qui se cherche et qui aurait trouvé sa réponse dans la phrase.

Estelle Pagè s